Fraîcheur matinale au Nord de la France : ces températures sont-elles exceptionnelles en juin ?
Les températures sont localement descendues sous les 5°C ce jeudi matin dans l'intérieur des terres de la Normandie et des Hauts-de-France. Comment expliquer cette fraîcheur matinale ? Est-elle vraiment exceptionnelle pour un début juin ?
Surprise du chef, le retour du soleil cette semaine dans la moitié Nord s'accompagne désormais de températures parfois très basses pour la saison au réveil. Ainsi, ce matin, les valeurs sont localement descendues sous les 5°C sur le quart Nord-Ouest de la France, notamment dans l'intérieur des terres de la Normandie, des Hauts-de-France et de la Bretagne.
Ainsi, 3,5°C ont été relevés au plus frais de la nuit à Beauvais (Oise), 3,9°C à Deauville (Calvados), 2,7°C à Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), 2°C à Rouvroy-les-Merles (Oise) et 1,7°C seulement à Brennilis (Finistère), palme de la fraîcheur ce matin.
Cela pourrait se reproduire demain, vendredi, et cela contraste évidemment avec les 30°C qui seront certainement atteints cet après-midi en Occitanie, notamment vers le midi toulousain. Comment expliquer une telle fraîcheur matinale sur ces régions ? Est-elle inédite ou exceptionnelle pour un début de mois de juin ?
Du gel déjà observé en juin, et même en juillet !
Cette fraîcheur est notamment due à la dépression qui circule actuellement entre le Nord du Royaume-Uni et la Scandinavie, qui s'accompagne d'air frais sur ces régions. Cet air frais gagne aussi le Nord-Ouest de la France, en raison de la position de l'anticyclone sur l'Atlantique, qui nous envoie un flux de Nord-Ouest, maritime et frais.
Cet air frais est accompagné toutefois de hautes pressions, d'où un ciel souvent dégagé la nuit, et de peu de vent, un cocktail parfait pour favoriser le rayonnement nocturne : la douceur diurne s'échappe et les températures plongent, particulièrement dans les secteurs abrités. Le contraste est saisissant avec le Sud du pays sous l'air chaud envoyé par la goutte froide près des Açores.
Pour autant, cette fraîcheur est loin d'être exceptionnelle pour la saison ! Ces épisodes sont certes de plus en plus rares avec le réchauffement climatique, mais ils n'ont rien d'inédit ! Cela contraste simplement avec les derniers mois de juin souvent très chauds et les premières vagues de chaleur observées y compris sur la moitié Nord.
Des gelées en plaine ont d'ailleurs déjà été observées début juin dans beaucoup de départements de la moitié Nord : le 2 juin 1962 dans le Nord et le Pas-de-Calais (-3,2°C à Flers), le 9 juin 1989 dans les Côtes-d'Armor (-0,5°C à Plœuc-sur-Lié), le 5 juin 1991 dans l'Orne, le Loiret, les Ardennes (-2,4°C à Charleville-Mézières), ou encore dans les Landes le 1er juin 2006 (-0,5°C à Luxey).
Plus incroyable, il a déjà gelé en juillet, en plein été, dans 7 villes de plaine en France ! C'était par exemple le cas à Lisieux, dans le Calvados, avec 0°C tout pile le 31 juillet 1970. La palme revient à la ville de Dosnon, dans l'Aube, qui a enregistré -2°C le 1er juillet 1962. De quoi se rafraîchir les idées et éviter de crier au loup trop vite (clin d'œil aux climatosceptiques...).