Fortes chaleurs, sécheresse : la situation est-elle catastrophique dans la moitié nord ?
Alors que des orages quotidiens éclatent dans le sud du pays, le régime sec se poursuit dans la moitié nord avec une chaleur qui se montre de plus en plus forte. La situation devient ainsi difficile en raison d’une sécheresse s’aggravant jour après jour.
La France coupée en deux mais pas comme d’habitude ! Depuis la mi-mai, le pays connaît deux situations météo radicalement différentes. La moitié sud est ainsi le théâtre d’orages quotidiens. S’ils demeurent le plus souvent isolés, ils peuvent s’avérer localement violents et apporter d’importantes quantités de pluies en peu de temps. Au nord de la Loire, c’est l’inverse avec une météo anticyclonique et le plus souvent ensoleillée. Les pluviomètres demeurent ainsi désespérément vides, même si quelques orages ont éclaté le week-end dernier. Outre ce temps sec, la chaleur est également forte et contribue à l’aggravation de la sécheresse dans ces régions.
Une série de chaleur inédite pour la saison
À l’approche de la mi-juin, les températures sont déjà très élevées et ce, en particulier dans la moitié nord où l’atmosphère est nettement plus stable qu’au sud. Ainsi, dans la capitale, la barre des 30°C a été franchie ce mardi, marquant le début d’une série chaude remarquable. En effet, ce seuil de forte chaleur sera atteint ou dépassé durant six journées consécutives, jusqu’à dimanche au moins, ce qui n’a jamais été observé à cette période de l’année depuis le début des relevés à Paris, en 1873 ! S’il y a bien eu jusqu’à six jours consécutifs à plus de 30°C dans le parc Montsouris en juin 2019 et 1976, c’était uniquement après le solstice d’été, soit après le 21 juin.
Le constat est similaire à Besançon (Doubs) dont la station météo est reconnue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) en raison d’une série de données ininterrompues depuis le 1er décembre 1884. Ce mardi 13 juin fut ainsi le 19ème jour consécutif de chaleur dans la ville, c’est-à-dire avec une température maximale atteignant ou dépassant la barre des 25°C. Avant cette année, la série la plus longue de chaleur avant le mois de juillet était de 15 jours consécutifs en 2003, entre le 3 et le 17 juin. Et ce record devrait encore être amélioré puisque la fin de cette période n’est pas à l’ordre du jour à moyen voire même à long terme…
Plus largement, à l’échelle nationale, on retrouve également une situation remarquable et ce, malgré une chaleur moins forte dans les régions méridionales. Ainsi, l’indicateur thermique en France dépasse le seuil de chaleur (température moyenne de 25°C sur la journée calculée à partir de 30 stations météo représentatives) depuis le 27 mai, soit depuis 18 jours consécutifs. Sur la période 1947/2022, il n'y a aucune série de ce type ayant débuté en mai. La plus précoce avec au moins 15 jours à plus de 25°C avait débuté le 6 juin, en 2003.
Nette dégradation sur le front de la sécheresse
Combiné à cette chaleur précoce, le manque de précipitations commence sérieusement à inquiéter dans la moitié nord. Car si au sud, les orages récurrents de ces dernières semaines permettent à la sécheresse de reculer sensiblement en surface et à faible profondeur, la situation s’aggrave à l’inverse plus au nord. Pour preuve, la carte des arrêtés de restrictions d’usage de l’eau s’est considérablement colorée au nord d’une ligne La Rochelle-Genève. Si au 15 mai, seul le département des Yvelines était concerné, ils sont désormais 18 dont certains sont déjà en situation de crise (niveau rouge). C’est le cas de la Vendée, de l’Indre, du Loiret ou encore de l’Oise.
De même, des départements qui avaient vu le niveau de leurs nappes remonter grâce aux pluies du printemps se retrouvent désormais confrontés à une nouvelle dégradation de ce côté-là. C’est notamment le cas des Côtes-d’Armor, du Maine-et-Loire ou de la Haute-Marne, par exemple. En revanche, la situation continue de s’améliorer de manière progressive au sud. Les deux départements corses ou encore le Tarn ont même des nappes qui sont repassées au-dessus de la normale. Si l’inquiétude diminue au sud, elle grandit au nord où le manque d’eau devient véritablement inquiétant…