Fausse neige dans les stations de ski : une aberration environnementale
L'absence de neige dans de nombreuses stations de ski au début du mois de janvier a relancé la polémique sur la neige artificielle. Cette "fausse neige" pose question à l'heure de la sobriété énergétique et en raison de son impact sur l'environnement.
La neige a enfin fait son grand retour sur la plupart des massifs français cette semaine ! Toutefois, la limite pluie-neige reste fluctuante et il faudra attendre la semaine prochaine pour trouver une situation plus favorable sur le long terme, avec de la neige en quantité à moyenne altitude.
La situation était beaucoup plus tendue il y a quelques jours, avec une absence totale d'or blanc dans les stations de ski de moyenne altitude. L'utilisation de canons à neige par certaines a relancé la polémique sur la neige artificielle. Les scientifiques s'emploient à répéter qu'il s'agit d'une maladaptation face au changement climatique. Explications.
Une coupe du monde de ski... sans neige
En France, un tweet de Marine Tondelier, nouvelle secrétaire nationale d'EELV (Europe Écologie Les Verts), dénonçait il y a quelques jours l'utilisation des canons à neige dans le domaine skiable d'Hirmentez, en Haute-Savoie. Sur la photo associée au tweet, on peut y voir des canons à neige crachant de la neige artificielle sur de l'herbe... sans que cette dernière tienne au sol en raison des températures trop élevées.
En Suisse, la coupe du monde de ski alpin qui s'est tenue les 7 et 8 janvier dernier à Adelboden (1350 m d'altitude), n'a pu compter que sur une fine langue de neige artificielle pour le déroulement des épreuves.
Il ne s'agit que d'exemples mais cette situation s'est répétée dans de nombreuses stations de ski européennes en ce début du mois de janvier. Privées de neige en raison de l'exceptionnelle vague de douceur au moment des fêtes, les stations les plus populaires comptent de plus en plus sur les canons à neige pour continuer à fonctionner.
Or cette neige artificielle n'est pas sans conséquence sur l'environnement. Elle consomme des milliers de litres d'eau, est combinée à des produits chimiques, et accélère l'érosion des sols.
La neige artificielle : un modèle à bout de souffle
Pour Carmen De Jong, professeur de géographie et d'hydrologie à l'Université de Strasbourg, cette neige artificielle est l'exemple type d'une mauvaise adaptation au changement climatique :
À ce jour, pour fabriquer environ 60 centimètres de neige recouvrant une seule piste de ski dans une grande station européenne, 70.000 litres d'eau sont nécessaires. À l'avenir, alors que les températures continueront d'augmenter sous l'effet du réchauffement climatique, ce chiffre devrait considérablement augmenter.
Une consommation d'eau qui deviendra de plus en plus difficile à trouver alors que les épisodes de sécheresse se succèdent. D'autant que dans certains pays, cette eau n'est pas directement rejetée par les canons à neige : elle est auparavant mélangée à des produits chimiques qui l'aident à geler et à tenir au sol.
Cette neige artificielle appauvrit les sols en oxygène, lesquels deviennent rapidement imperméables et sont donc plus sujets aux ruissellements et à l'érosion. La biodiversité est également menacée car la faune et la flore ne peuvent survivre à un tel appauvrissement des sols.
On pourrait également évoquer les coûts économiques et énergétiques nécessaires aux canons à neige. Avec l'accélération du changement climatique, la fin d'un modèle se dessine et il appartient aux acteurs de la montagne de trouver des solutions plus vertueuses et plus viables...