Exploit ! Un coeur greffé à un patient après un vol de 12h !
Habituellement, les techniques pour transporter un coeur humain ne permettent de le conserver que 4h. Cette nouvelle technologie est une lueur d'espoir pour tous les patients en attente de greffe.
6 700 km séparent les Antilles de la France. Et c'est cette distance qu'a parcouru un coeur humain avant d'avoir été transplanté avec succès à un patient dans un hôpital parisien. "Contrairement à d'autres organes comme le rein, le cœur supporte très mal l'ischémie" - qui signifie l'arrêt de la circulation du sang - explique le chirurgien, qui a effectué la greffe, Guillaume Lebreton à BFMTV.
Cette transplantation intervient dans le cadre d'une étude pilote baptisée Pegase. Pour permettre au coeur de supporter le trajet de 12h entre les Antilles et Paris, l'organe a voyagé dans une machine de perfusion ex vivo. Une sorte de grosse glacière qui "refroidit le cœur à 8°C et le perfuse en continu avec du sang et de l'oxygène", explique le chirurgien cardiaque.
"Cette méthode permet d'allonger la durée de préservation des greffons cardiaques et d'améliorer les résultats de la transplantation", confie le médecin de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Le coeur a été prélevé - en coopération avec les centres hospitaliers universitaires de Fort-de-France et Pointe-à-Pitre - sur un patient âgé de 48 ans qui était en état de mort cérébrale.
La pénurie d'organes a forcé ce long trajet. D'autant que "comme il n'y a pas de programme de programme de transplantation en Martinique et en Guadeloupe, les cœurs sont perdus. Dans un contexte de pénurie d'organe, ce n'est pas acceptable", avoue le chirurgien. En 2023, 823 personnes sont décédées alors qu'elles attendaient une greffe, selon l'agence de biomédecine.
L'organe a donc fait le voyage jusqu'à Paris via un vol AirFrance grâce à la machine à la pointe de la technologie conçue par la société Xvivo, basée en Suède. Le docteur Guillaume Lebreton, accompagné d'un perfusionniste, a également fait l'aller-retour pour "surveiller le dispositif et intervenir si besoin".
Une fois arrivée à la capitale, le coeur a été transplanté sur un patient de 70 ans. "L'opération s'est bien passée, il va très bien", raconte le médecin parisien. Un exploit qui donne de l'espoir à toutes les personnes en attente de greffe d'organe mais qui rencontrent des "contraintes horaires", explique Guillaume Lebreton.
"Et pas seulement aux Antilles. En métropole, il est souvent impossible de transplanter un organe à cause du temps de transports." Un coût écologique aussi car dans certains cas, les organes doivent être acheminés rapidement en jets privés afin d'être dans les temps. Des trajets qui nécessitent "une logistique extrêmement coûteuse, pas très écoresponsable et parfois même dangereuse".
Grâce à cette nouvelle machine, le chirurgien cardiaque espère développer le transports de greffons par vol commercial ou TGV. Au 1er janvier 2024, 11 422 patients étaient en liste d'attente active, ce qui signifie qu'ils peuvent être transplantés immédiatement si un organe est disponible. Avant tout chose, il est nécessaire d'attendre les résultats définitifs de cette greffe hors du commun.