Étonnant : l'essorage des betteraves à sucre, une solution miracle pour produire de l'eau ?

Une entreprise de production de betteraves à sucre dans la Somme est devenue totalement automne en eau, grâce à une technique d'essorage. Comment fonctionne cette technique ? En quoi s'inscrit-elle dans un processus de décarbonation ?

Culture betteraves sucrières prétexte
Les betteraves sucrières, récoltées de mi-septembre à janvier, contiennent, outre du sucre, 75 à 78% d'eau !

Depuis 2018, le site de Sainte-Émilie, dans la Somme, qui produit du sucre via la culture de betteraves, est totalement autonome en eau et ne puise plus une seule goutte d'eau dans les nappes phréatiques. Il constitue même des stocks d'eau pour les agriculteurs en été. Comment expliquer cette prouesse ? Quelles sont les autres innovations écologiques prometteuses mises en place par ce groupe ?

Des "cossettes" plongées dans l'eau

Étonnamment, la première production d'une sucrerie, ce n'est pas le sucre, mais l'eau, puisqu'une betterave contient entre 75 et 78% d'eau pour seulement 18% de sucre et de pulpe. De mi-septembre à janvier, pendant la période de récolte, le groupe Cristal Union, basé à Sainte-Émilie, dans la Somme, transforme ses betteraves à mesures qu'elles sont récoltées.

Comment la betterave devient-elle sucre ? Le tubercule blanc (racine) est d'abord rincé, puis découpé en "cossettes", des frites d'environ 5 cm de long, elles-mêmes plongées dans un bain d'eau chaude. Pendant cette "infusion" à 70°C, le sucre migre, le liquide est épaissi en sirop sucré, puis le sucre prêt à l'emploi se forme pendant la "cristallisation". Cette étape dure en moyenne huit heures seulement !

À chaque étape du processus industriel, l'eau (liquide ou sous forme de vapeur) est récupérée, traitée et stockée, notamment par essorage, dans d'immenses bassins. Pour 1,8 tonne de betteraves traitées par an, l'usine réussit à stocker 700000 mètres-cubes d'eau, assurant son autonomie complète ! Une partie sert au redémarrage l'an suivant, l'autre est donnée à une coopérative agricole.

Autre point fort : la décarbonation

Outre l'autonomie en eau pour 5 de ses 8 sucreries, le groupe Cristal Union produit aussi de l'alcool, de l'éthanol, et agit par ailleurs pour réduire sa consommation d'énergie, avec un seul objectif louable : la décarbonation ! La première décision prise a notamment été de se séparer progressivement des combustibles les plus polluants dans les usines de production.

Depuis 2010, Cristal Union a réduit sa consommation énergétique de 15%, et a investi en 2023 dans une nouvelle unité de séchage des pulpes de betteraves. Ainsi, la chaleur de la vapeur d'eau émise par la chaudière de la sucrerie n'est désormais plus perdue dans l'atmosphère mais utilisée pour chauffer l'air, dans un immense cylindre où les pulpes sont déshydratées.

Auparavant, les pulpes de betterave étaient envoyées sur un site fonctionnant au charbon... Ce nouveau procédé émet 40000 tonnes de CO2 de moins ! La prochaine étape sera pour Cristal Union d'atteindre la neutralité carbone en 2050, avec déjà des projets de panneaux solaires flottants sur les bassins de stockage d'eau, ou encore des projets de brûlage de pulpes pour remplacer le gaz naturel.

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Cristal Union n'est pas le seul bon élève en la matière, puisque le premier groupe sucrier français, Tereos, a réduit de 28% sa consommation d'eau entre 2019 et 2023, et compte bientôt réaliser des investissements massifs pour décarboner sa production, à travers l'électrification des procédés industriels.

Référence de l'article :

Essorer les betteraves à sucre pour faire de l'eau : la mue de la sucrerie française Sainte-Émilie. Geo.

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