En Éthiopie, une histoire d'amour étonnante mais menacée entre des hyènes et les habitants !
C'est une drôle d'histoire d'amour malheureusement menacée par les activités touristiques : plongée au cœur de la ville de Harar, en Éthiopie, où les hyènes, nourries par les habitants, nettoient les rues et éloignent les mauvais esprits.
Cela pourrait être le pitch d'une belle histoire à la Disney. Et pourtant, le lien unique qui unit les hyènes et les habitants de la ville de Harar, dans l'Est de l'Éthiopie, en Afrique, est aujourd'hui menacé par le tourisme. Comment expliquer cette relation insolite et inédite ? Les hyènes peuvent-elles vraiment disparaître de cette région ?
Un animal écolo et chasseur de mauvais esprits
C'est donc une relation privilégiée qui unit les habitants de la ville fortifiée de Harar aux hyènes, pourtant considérées comme des animaux étranges, charognards et au rire démoniaque. Mais c'est bien l'harmonie qui règne entre les locaux, qui leur apportent de la nourriture, et ces animaux carnivores qui, en échange, nettoient les rues en éliminant les déchets.
Et ce n'est pas tout ! Comme l'ont repéré nos confrères du Guardian, ces animaux prédateurs sont aussi réputés pour chasser les mauvais esprits, et les habitants de la ville, imprégnés par les croyances, en profitent. Résultats, les deux "communautés", humains et animaux, vivent en paix côte-à-côte, et la structure de la ville est même façonnée pour accepter les hyènes.
Toutes les nuits, ces animaux rieurs entrent dans la ville par des "portes hyènes" dessinées dans les murs, puis dévorent dans les rues les cadavres de bêtes. Dans la cité, certains habitants sont devenus des "hommes-hyènes" et accueillent directement celles-ci à leur domicile ! La plupart sont convaincus que les hyènes les protégeront des djinns et des esprits maléfiques, en les mangeant...
Une tradition menacée par le tourisme
Selon la tradition locale, dont l'origine est impossible à retrouver, cette capacité à manger et recracher des djinns proviendrait de l'habitude des hyènes de vomir des sabots, des os et des poils non digérés. Par ailleurs, les habitants estiment que les hyènes sont des médiums, capables de communiquer avec les morts et de voir des choses invisibles des humains.
Le problème, c'est que le nourrissage des hyènes est devenu désormais une attraction touristique, à tel point que certains habitants font payer les visiteurs pour qu'ils puissent assister aux repas. Le gouvernement a sauté sur l'occasion pour installer un "éco-parc" sur un terrain où les locaux viennent nourrir les hyènes, au prix de 2,5 million de dollars, avec des cafés et des boutiques...
Cela n'est pas sans risque pour la relation tissée entre la ville et les hyènes, d'autant qu'une zone très urbaine entoure désormais la colline anciennement fortifiée, ce qui bloque déjà certaines routes empruntées auparavant par les animaux. Si les zones de campagne disparaissent et que le nombre de touristes s'accroît, ce sont à terme les hyènes qui pourraient déguerpir...