États-Unis : une nouvelle "bombe climatique" autorisée en Alaska
En dépit de ses promesses lorsqu'il était candidat à la Maison Blanche, Joe Biden a finalement autorisé un gigantesque projet pétrolier situé au nord du cercle polaire, dans l'Alaska. Ce projet émettra autant de CO2 à l'année que 64 centrales à charbon.
"Plus de forages sur les terres fédérales et plus de permis pour l'industrie pétrolière". Les mots de Joe Biden en février 2020, alors candidat à la Maison Blanche, sonnent creux aujourd'hui. L'administration du président américain a finalement approuvé le 13 mars dernier un gigantesque projet pétrolier au nord du cercle polaire, en Alaska.
Ce projet intitulé "Willow", porté par le géant pétrolier américain ConocoPhilipps, devrait permettre l'extraction de 180.000 barils de pétrole par jour. Rapportées à une année, les émissions de gaz à effet de serre de ce projet sont colossales : environ 9 millions de tonnes de CO2, soit autant que le fonctionnement de 64 centrales à charbon ou deux millions de véhicules thermiques !
Un revirement de décision
Piloté par le texan ConocoPhillips, le projet pétrolier est né en 2017 suite à la découverte d'importants gisements de pétrole dans une zone protégée de l'ouest de l'Alaska. Cette zone, située au nord du cercle polaire, est classée réserve nationale en raison de sa biodiversité et du passage de nombreux oiseaux migrateurs.
En 2020, l'ex-président Donald Trump avait donné son accord au pétrolier ConocoPhillips pour trois sites de forage. Mais le projet avait été interrompu en 2021 par la justice, qui avait demandé un réexamen des impacts du projet sur les ours polaires.
Durant la campagne pour la présidentielle de 2020, Joe Biden avait promis de ne pas autoriser de nouveaux forages pétroliers sur les terres fédérales. Depuis, le contexte géopolitique a changé et la crise énergétique est passée par là.
Ces arguments, conjugués à la pression des élus de l'Alaska globalement favorables au projet, et des compagnies pétrolières, ont finit de convaincre l'administration américaine d'autoriser trois sites d'extraction pour un investissement total de sept milliards de dollars.
Un impact direct sur le climat et la biodiversité
Ces investissements et le fonctionnement des sites de forage bénéficieront évidemment à l'emploi local. Près de 2.500 emplois dans la construction et 300 emplois sur le long terme sont prévus. A terme, le projet Willow devrait rapporter près de 1,2 milliard de dollars et devrait permettre de garantir l'indépendance énergétique du pays pour quelques décennies.
En contrepartie, l'administration Biden s'est engagée à protéger de nouvelles zones dans le secteur. Elle a également annoncée son intention d'interdire de façon permanente de nouveaux forages sur une grande zone de l'océan Arctique, bordant la réserve.
Mais ces compensations paraissent bien maigres face aux émissions colossales de gaz à effet de serre qu'engendrera ce projet : à terme, environ 239 millions de tonnes de CO2 (dioxyde de carbone) seront relâchés dans l'atmosphère. Ces émissions participeront au réchauffement de l'atmosphère et rendront un peu plus difficiles le respect des Accords de Paris par les États-Unis.
Une pétition en ligne d'opposition a déjà recueilli plus de 3,3 millions de signatures à travers le pays. Les organisations environnementales ont également prévu un nouveau recours devant la justice.