Aux États-Unis, l'incroyable industrie des champignons "mangeurs de déchets" !
"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme", comme disait Lavoisier : c'est la formule reprise par la société américaine Mycocycle, qui utilise des champignons pour recycler des matériaux de construction. Avec quelle utilité ?
C'est un processus étonnant mais prometteur qu'a décidé de développer la société Mycocycle basée près de Chicago, aux États-Unis, comme nous le rapportent nos confrères de France Info. Il s'agit d'une véritable industrie du recyclage des déchets de construction, grâce... à des champignons ! Voici comment ce marché est devenu si lucratif...
Un véritable "mangeur de déchets"
Pourquoi avoir choisi le champignon ? Tout simplement parce qu'il s'agit d'un recycleur naturel : vous l'avez peut-être déjà remarqué chez vous ou en forêt, il s'attaque aux feuilles mortes au bois. Cette-fois ci, il s'agit littéralement de "manger" des déchets tels que du plastique et d'autres dérivés du pétrole, pour les transformer en matériau organique réutilisable.
La société Mycocycle, pour mettre en place ce processus de décomposition qui dure environ deux semaines, a utilisé les capacités du mycélium, l'appareil végétatif du champignon. Ce mycélium "consomme" les molécules de carbone, via plusieurs phénomènes (notamment la bioconversion et la biodégradation), ce qui aboutit à réduire de 98% la toxicité du matériau.
Le résultat est étonnant : apparaît alors un nouveau matériau, résistant à l'eau et au feu, durable et léger. L'efficacité du mycélium du champignon permettra donc ensuite de réutiliser ce nouveau matériau, par exemple pour isoler un bâtiment ou fabriquer des panneaux acoustiques. Un joli cercle vertueux !
Les pneus, prochains sur la liste ?
Pourquoi faut-il alors saluer cette nouvelle activité "champignonnesque" ? Tout simplement parce qu'elle sera bénéfique aux secteurs du bâtiment et de la construction aux États-Unis, qui génèrent chaque année 660 millions de tonnes de déchets (un chiffre en hausse constante) ! Par ailleurs, les décharges sont souvent remplies à 85% de leur capacité...
Joanne Rodriguez, à la tête de Mycocycle depuis son lancement en 2018, est fière de son activité et ne renoncera en aucun cas à la singularité de son processus de recyclage des déchets : si certains de ses concurrents fabriquent déjà des matériaux à partir du mycélium des champignons, personne ne crée encore de matériaux à partir de produits directement recyclés par le mycélium.
Et le marché de Mycocycle semble prêt à s'élargir, puisqu'il est déjà question de s'attaquer au secteur des pneumatiques, le mycélium étant aussi capable de s'attaquer au caoutchouc (mais aussi au papier et au nylon).
Seulement 30 millions de pneus sont réutilisés chaque année aux États-Unis, sur 280 millions mis à la décharge. D'ici 2 ans, le marché du mycélium pourrait ainsi représenter 4 milliards de dollars !