Et si la pollution était responsable de l'ostéoporose chez les femmes ?
Les femmes sont-elles plus touchées que les hommes par la pollution de l'air ? Selon une étude américaine, la réponse est oui, puisque les oxydes d'azote présents dans l'atmosphère pourraient accélérer l'ostéoporose chez les femmes, après la ménopause. Séquence explications.
C'est un constat étonnant qui est dressé par une étude américaine publiée dans la revue médicale très célèbre, The Lancet : selon elle, il y aurait un lien de cause à effet entre la pollution de l'air et la perte de densité des os chez les femmes, aussitôt après la ménopause, événement qui accentue ce phénomène. Des conclusions forcément scrutées par les pouvoirs publics, alors que 39% des femmes de plus de 65 ans souffrent d'ostéoporose en France, 2 à 3 fois plus que les hommes. Au total, près de 400.000 fractures dues à l'ostéoporose sont recensées chaque année dans notre pays.
Un risque d'ostéoporose doublé ?
Ce n'est pas la première fois que cette équipe de chercheurs s'intéresse à ce phénomène de l'ostéoporose, qui consiste en une "diminution de la densité des os", avec à la clé des modifications de leur architecture, d'où des douleurs et des difficultés à se déplacer. En 2017, ces scientifiques estimaient déjà que la mauvaise qualité de l'air était un facteur de risque pour les fractures osseuses et l'ostéoporose, notamment dans les pays les plus pauvres. Un résultat qui étonnait à l'époque, car on comprenait alors que la pollution de l'air ne provoquait pas uniquement des problèmes respiratoires...
Cette fois-ci, les chercheurs ont analysé les données de santé de plus de 9.000 femmes vivant dans 40 villes différentes aux Etats-Unis, après la ménopause. Ces individus font partie d'un plus grand groupe de 161.000 femmes qui avaient toutes donné leur accord pour que leur santé soit suivie. Ces 9.000 femmes ont été sélectionnées car elles étaient les seules pour lesquelles deux données essentielles existaient : leur densité minérale osseuse ainsi que la pollution aux particules fines dans leur lieu d'habitation.
La conclusion est édifiante : une pollution de l'air élevée doublerait la perte de densité des os chez les femmes âgées, après la ménopause. Les oxydes d'azotes seraient responsables d'une réduction de 1,22% de la densité minérale osseuse des lombaires chaque année, des effets doublés par rapport à ceux liés au vieillissement classique du corps humain.
Trafic routier et industries dans le viseur
Que sait-on sur les oxydes d'azote ? Tout d'abord qu'ils sont déjà liés à une augmentation du risque d'asthme, de maladies cardio-vasculaires ou encore d'un poids trop faible chez certains nouveau-nés. Ce sont des agents très puissants pouvant entraîner la mort des cellules humaines. Par ailleurs, la pollution de l'air dans sa globalité réduit l'espérance de vie, et l'Etat français a déjà été condamné pour son absence de volontarisme et sa lenteur dans la lutte contre ce fléau.
D'où viennent-ils ? Principalement du trafic routier et des industries, deux très gros émetteurs de pollution. Réduire la présence de la voiture et accélérer la transition énergétique semblent donc être des enjeux majeurs de santé publique, d'où l'intérêt de la mise en place (progressive) des zones à faibles émissions (ZFE) dans certaines métropoles. C'est d'ailleurs dans de grandes zones urbaines comme Paris, Lyon et Marseille que les concentrations en oxydes d'azote sont les plus élevées, ainsi que dans la vallée du Rhône et les vallées alpines, où l'important trafic routier se greffe à une intense activité industrielle... Vous voilà prévenues !