Épidémie de Covid-19 chez les cerfs : pourquoi faut-il s'inquiéter ?
Ce n'est pas la première fois que le virus du Covid-19 se transmet à des animaux. Mais l'épidémie qui sévit chez les cerfs est plus inquiétante que n'importe quelle autre. Elle pourrait créer un nouveau variant et se transmettre à l'homme...
En novembre 2020, dans l'État de Virginie aux États-Unis, les cerfs ont été frappés par une épidémie de Covid-19. 80 cerfs sur 97 ont été testés positifs comme le révèle une enquête de 7 semaines réalisée suite à une l'épidémie humaine exponentielle en Iowa.
Les chiffres sont alarmants : un tiers des cerfs étudiés de l'Ohio était infecté et ceux de l'Illinois, du Michigan, de New-York et de Pennsylvanie possédaient des anticorps. Lorsqu'ils sont positifs, les animaux à bois développent des infections asymptomatiques.
Le danger plane car les épidémies de SRAS-CoV2 chez les animaux peuvent muter et se transmettre à l'homme. Les scientifiques alertent : la situation peut vite devenir hors de contrôle. "Nous ne pouvons même pas le contrôler chez les gens", déclare Sarah Olson, épidémiologiste à la Wildlife Conservation Society.
"Il n'y a guère de chance que nous puissions le contrôler dans la nature. Il crée un espace extrêmement chaotique. Et nous n'avons pas beaucoup d'yeux sur cet espace", ajoute l'épidémiologiste.
Quelle différence entre le Covid-19 chez les cerfs et les autres animaux ?
Des infections sont constatées chez les chats, chiens, lions, tigres, pumas, furets, visons, certains rongeurs et bien d'autres. Mais "ce sont tous des cas isolés" explique Suresh Kuchipudi, chercheur spécialiste des maladies infectieuses.
Or, les infections chez les cerfs sont différentes : "C'est la première fois qu'une espèce animale complètement libre dans la nature est infectée et que l'infection est répandue", ajoute le spécialiste. Impossible d'expliquer comment le premier cerf a été infecté.
Mais les chercheurs pensent que l'épidémie des cervidés est venue de l'homme. Le virus circulant chez les cervidés et chez les humains avaient des séquences génétiques similaires.
Andrew Bowman, professeur de médecine vétérinaire préventive à l'Université de l'Ohio, soupçonne que les cerfs pourraient être infectés à cause d'une source de contamination de l'environnement, comme les ordures ou les eaux usées.
Après s'être transmis des humains aux cerfs, ces derniers se le transmettent entre eux : "Il n'y a pas seulement eu des retombées interhumaines, mais aussi une transmission de cerf à cerf", déclare Suresh Kuchipudi.
Pourquoi s'inquiéter ?
Les virus évoluent constamment, ils mutent chez les animaux comme chez les humains. Les scientifiques préviennent que même si la pandémie s'éteignait chez l'homme - peut-être même dans 10 ans - les cerfs puissent réinfecter les humains avec une nouvelle variante face à laquelle notre système immunitaire ne saurait pas combattre.
Angela Bosco-Lauth, qui étudie les maladies infectieuses et la médecine vétérinaire à l'Université d'État du Colorado se veut rassurante : "À l'heure actuelle, nous n'avons aucune preuve" qu'un virus mutant se transmette à l'homme.
"Nous avons besoin d'une surveillance de la faune", demande Sarah Olson. D'autant que les chercheurs ont encore beaucoup à apprendre sur la façon dont les virus se transmettent entre les espèces.
La vaccination des animaux sauvages n'est pas une solution envisageable. Impossible de contrôler raisonnablement les transmissions d'épidémie chez les animaux. La solution est donc de surveiller ces infections animales et anticiper la propagation du virus à travers la faune.
"Nous nous sommes principalement concentrés sur les humains parce qu'il y a une pandémie mondiale", dit Suresh Kuchipudi. "Mais en même temps, nous ne pouvons pas ignorer ce problème. Le danger est alors que si nous ne l'abordons pas, nous pourrions être complètement aveugles et surpris lorsqu'une nouvelle variante émergera."