Pollution chimique : la "limite planétaire" vient d'être franchie !

Nous produisons beaucoup trop de produits chimiques. Tellement qu'il y a un risque bien réel pour la planète mais il en va aussi de la survie de l'humanité.

pollution plastique
"On est à 24 000 milliards de particules flottantes à la surface des océans" selon François Galgani, océanographe à l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer) et spécialiste des plastiques.


Encore un rapport alarmant ! Parue le 18 janvier dernier dans la revue scientifique Environmental Science and Technology, l'étude réalisée par des scientifiques du Stockholm Resilience Center (SRC) a révélé que la limite "introduction d'entités nouvelles dans la biosphère" avait été franchie.

Et c'est une très mauvaise nouvelle. Cela signifie que nous produisons tellement de produits chimiques, qu'ils sont en train de détruire la biodiversité, mettent en danger le fonctionnement global de notre planète et menacent aussi la survie de l'humanité sur Terre.

Qu'est-ce qu'une "limite planétaire" ?

En 2009, les scientifiques ont cherché à évaluer l'impact de différents facteurs sur la stabilité du système de la Terre. Ils souhaitaient mesurer jusqu'à quel niveau l'humanité pouvait continuer à se développer et prospérer. Le concept de "limite planétaire" venait d'être créé. Ils en ont comptabilisé 9 au total, représentés dans ce camembert.

Depuis 2015, 4 de ces 9 limites avaient déjà été franchies : le changement climatique, l'érosion de la biodiversité, les perturbations globales du cycle de l'azote et du phosphore et les changements d'utilisation des sols.

Nous venons de franchir la cinquième : "l'introduction d'entités nouvelles dans la biosphère", plus simplement appelée la pollution chimique. "En gros, on meurt étouffés de nos produits chimiques et plastiques" s'est emporté Olivier Fontan, ancien directeur du Haut Conseil pour le climat, sur Twitter.

Cette pollution chimique est engendrée par les rejets de produits chimiques d'origine industrielle et/ou domestique. Par exemple : cela peut aller de l'utilisation de pesticides, détergents ou des métaux lourds, jusqu'aux marrées noire, sans oublier les plastiques qui polluent lorsqu'ils sont jetés dans la nature.

La production de plastique a augmenté de 80% en 15 ans !

Le SRC comptabilise environ 350 000 différents types de polluants chimiques manufacturés sur le marché. Et toutes ces substance qui n'existaient pas à l'état naturel le siècle dernier sont une menace. Pourtant, "la production de produits chimiques a été multipliée par 50 depuis 1950. Et elle devrait encore tripler d'ici 2050" selon le SRC.

De 2000 à 2015, la production de plastique a augmenté de 79% à elle seule ! "Le rythme auquel les sociétés produisent et libèrent de nouveaux produits chimiques et d'autres nouvelles substance dans l'environnement ne permet pas à l'humanité de vivre dans un espace sûr et fonctionnel" pour Patricia Villarubia-Gómez, co-autrice de l'étude.

Le problème est que plus on produit, plus on pollue. "On est à des densités qui dépassent le million de déchets par kilomètre carré sur certaines zones au fond de la Méditerranée. On est à 24 000 milliards de particules flottantes à la surface des océans" désespère François Galgani, océanographe à l'Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer) et spécialiste des plastiques.

Une menace pour l'environnement et pour l'Homme :

Il est avant tout important de déterminer si le milieu pollué en question l'est de manière irréversible ou s'il est en capacité de se régénérer et en combien de temps. Car même si des produits polluants (comme certains pesticides) ont été interdits, leur substance peuvent rester dans les sols encore longtemps.

Les scientifiques ont longtemps cru à la capacité de résilience de la planète. Or, "certaines zones sont considérées comme mortes : il y a eu trop de désequilibres, l'écosystème a été trop perturbé", explique François Galgani. D'autant que certaines substances chimiques, comme les microplastiques, deviennent irrécupérables, car impossible à ramasser...

Mais le risque est aussi pour la santé humaine comme le souligne Mélanie Mignot, maître de conférences au laboratoire CNRS-COBRA à Rouen : "Ces polluants peuvent s'accumuler dans l'environnement et/ou former des sous-produits de dégradation pouvant présenter un risque pour la santé humaine et l'environnement".

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