Énergies fossiles : 30 ans de négociation pour reconnaître la véritable source de la crise climatique !
Après 30 ans de négociation, un texte appelant le monde à "effectuer une transition hors des énergies fossiles" a enfin été adopté à la COP28. Cependant, cette avancée soulève des préoccupations quant à son application et son impact réel.
Après 30 ans de négociation, les énergies fossiles sont enfin mentionnées explicitement dans le texte adopté lors de la COP28 à Dubaï. Cette décision marque un tournant historique en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Toutefois, le texte ne parle pas de "suppression progressive" (phase out), un terme réclamé par de nombreux pays et d'ONG dans le monde depuis des mois. L'absence de cette mention pourrait être perçue comme une concession aux États pétroliers.
Chaque mot a été rudement négocié : l'appel à "effectuer une transition hors des énergies fossiles" est désormais lancé. Dave Jones du Global Insights Lead d'Ember estime que l'accord marque "le début de la fin de l'ère des combustibles fossiles". Le gaz et le pétrole, deux combustibles fossiles contribuant considérablement au réchauffement global de la planète, ne sont toujours pas directement mentionnés.
Le texte approuvé comprend huit plans d'action en matière d'énergie pour lutter contre le réchauffement climatique. Les points forts de ce texte incluent l'élimination rapide des subventions inefficaces aux combustibles fossiles, la réduction des émissions de méthane ainsi que l'accélération de la réduction des émissions du transport routier grâce à la transition grâce à la transition vers des modes de transport routier moins polluants et émettant moins de gaz à effet de serre.
Certains considèrent que cette avancée est insuffisante et inacceptable car le contexte actuel exige des mesures plus contraignantes si l'on veut atteindre l'objectif ambitieux de 1,5°C de l'Accord de Paris.
Aborder la totalité des énergies fossiles
Par le passé, les déclarations dans le processus de négociations climatiques des Nations-Unies se limitaient à appeler à une suppression progressive des subventions "inefficaces" aux combustibles fossiles. Cette fois-ci, une déclaration sans précédente à été faite :
Selon les observateurs, le texte marque un point positif en appelant à une accélération de la transition "au cours de la présente décennie" compte tenu de l'urgence déclarée par le GIEC sur la nécessité de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 afin de pouvoir limiter le réchauffement à 1,5°C.
Toutefois, des inquiétudes persistent : le fait est que l'appel se concentre uniquement sur le secteur de l'énergie et ne fait pas référence aux plastiques et aux engrais polluants, alors que ces derniers contribuent significativement aux émissions mondiales. Aussi, inclure les technologies de capture de carbone (CCS) revient à agir sur les émissions plutôt que sur les sources.
Tripler la capacité d'énergies renouvelables
Le texte de Dubaï stipule qu'il faut "tripler la capacité des énergies renouvelables au niveau mondial et doubler le taux annuel moyen mondial d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici 2030" afin de limiter le réchauffement en-dessous de 1,5°C.
Le déploiement des énergies renouvelables a été spectaculaire au cours de ces dernières années. Même si elles sont de nature intermittente, elles demeurent une solution d'atténuation efficace.
Un pas historique, mais des interrogations persistantes
La COP28 à Dubaï a indéniablement marqué un tournant historique avec un appel sans précédent à la fin des combustibles fossiles. Cependant, des interrogations persistent quant à la portée réelle de cet accord sur la crise climatique et à sa capacité à déclencher une transition énergétique mondiale significative.
Le "Balance Global" propose des actions importantes, mais son langage prudent et ses lacunes suscitent des doutes sur la volonté réelle des Parties de s'engager dans une transition énergétique rapide et complète. Les prochaines années seront cruciales pour évaluer la mise en œuvre de ces engagements et déterminer s'il s'agit d'une étape décisive qui marque effectivement la fin de l'ère des combustibles fossiles ou d'un compromis insuffisant face à l'urgence climatique.