En quoi le cyclone ayant dévasté Mayotte fut exceptionnel ?

Le passage du cyclone Chido sur l'île de Mayotte restera dans les mémoires, de nombreux éléments faisant de cette catastrophe un évènement météorologique exceptionnel.

Cyclone
Le cyclone Chido s'est accompagné de rafales de vent record sur l'île de Mayotte, atteignant jusqu'à 226km/h à Dzaoudzi

Ce samedi 14 décembre, le cyclone Chido a dévasté la petite île de Mayotte, un événement météorologique exceptionnel et particulièrement destructeur sur ce secteur.

Un impact direct sur l'île

Mayotte est une petite île située entre Madagascar et le Mozambique. Celle-ci est composée de deux îles principales, la Grande-Terre (360 km²), d'environ 40 km de long et 20 km de large, et la Petite-Terre (13 km²). Cette région est soumise chaque année à un risque cyclonique, notamment entre le 15 novembre et le 30 avril, période durant laquelle se forment la plupart des cyclones dans cette partie du monde.

Pourtant, compte tenu de la taille de ce territoire français, les « chances » qu'un cyclone impacte directement Mayotte sont considérées comme faibles, la région étant en plus généralement « protégée » des phénomènes les plus virulents débordant de l'Est par Madagascar, où la grande majorité des cyclones se formant sur l'océan Indien viennent s'échouer.

Néanmoins, le cyclone Chido a adopté une trajectoire relativement atypique. Après s'est formé sur l'océan Indien, celui s'est dirigé vers le Nord de Madagascar, frôlant l'île en journée du 13 décembre avant de se diriger vers Mayotte. Si d'autres systèmes ont déjà eu une trajectoire similaire par le passé, ce territoire français a malheureusement joué de malchance.

En effet, d'une part car le cyclone Chido s'est de nouveau renforcé après avoir frôlé le Nord de Madagascar et d'autre part son œil, soit la partie la plus active du système d'une largeur d'à peine 30km, a directement impacté l'île en journée du 14 décembre, s'accompagnant de rafales de plus de 200km/h (jusqu'à 226km/h à Dzaoudzi) et engendrant des dégâts extrêmement importants.

« Pour que l’oeil d’un cyclone touche un territoire aussi petit, il y a quand même une probabilité qui est extrêmement faible, c’est cela qui fait le caractère un peu exceptionnel » de l’événement, selon François Gourand, prévisionniste à Météo-France.

Le changement climatique a-t-il joué un rôle ?

Comme évoqué précédemment, les cyclones ne sont pas rares dans l'océan Indien durant cette période de l'année, le pic de la saison cyclonique étant en général atteint entre le mois de décembre et le mois de mars. Mayotte a déjà été touchée par plusieurs systèmes par le passé comme le 10 avril 1984 où le cyclone Kamisy, circulant 25km au Sud de Grande-Terre avait engendré de nombreux dégâts sur les cultures et les habitations en raison notamment de rafales dépassant les 140-150km/h. Une personne avait perdue la vie lors de son passage et 20 000 mahorais s'étaient retrouvés sinistrés.

Néanmoins, les impacts directs restent particulièrement rares et il faut remonter au cyclone du 18 février 1934 pour retrouver un événement similaire sur le département, soit plus de 90 ans ! Ce jour là, le cyclone Disseli avait semé la dévastation sur l'île, s'accompagnant de rafales de plus de 160km/h (contre 220km/h pour Chido), rasant de nombreux secteurs comme la ville de Dzaoudzi sur l'Est de l'archipel.

Ainsi, même si l'impact du cyclone Disseli fut relativement similaire, il semble que le cyclone Chido ayant touché Mayotte ce 14 décembre ait été encore plus virulent, notamment en terme de rafales de vent maximales. Une violence qui pourrait d'ailleurs être liée au réchauffement climatique selon les prévisionnistes de Météo-France.

En effet, Chido a profité d'un environnement océanique « exceptionnel » favorisant son renforcement avant d'impacter Mayotte. Les températures des eaux de surfaces autour de l'archipel sont situées bien au-dessus des normales depuis maintenant plusieurs mois, approchant parfois des 30°C, une chaleur marine se propageant d'ailleurs jusqu'en profondeur.

Ce phénomène, intimement lié au réchauffement climatique, a créé un important réservoir d'énergie permettant au cyclone Chido de gagner en intensité avant de toucher Mayotte en plus de bénéficier de cisaillements de vents faibles, ce qui a également permis au cyclone de se renforcer et de perdurer.

Le passage du cyclone Chido sur Mayotte est donc exceptionnel, d'une part par la très faible probabilité que l’œil d'un cyclone touche directement un territoire aussi petit au milieu de l'océan mais également par le fait que ce système tropical fut possiblement le cyclone le plus puissants à toucher ce département français depuis le début des relevés météorologiques.

Référence de l'article :

Cyclone à Mayotte : Malchance, dérèglement climatique… Pourquoi l’île a-t-elle été si durement touchée ?, 20minutes (14 décembre 2024), B. Ch

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