En quoi est-ce grave que des plantes exotiques poussent au Royaume-Uni ?

Qui aurait pu penser que des avocats, des pastèques, kakis et même des figues pourraient pousser dans les rues de Londres au Royaume-Uni ? En cause ? L'été chaud et sec qu'a connu le pays cette année.

Plantes exotiques Royaume-Uni
Avocats, pastèques, kakis, yuzu, gingembre, autant de fruits qui n'auraient jamais pu pousser en extérieur au Royaume-Uni. Mais le changement climatique permet maintenant à certaines variétés exotiques de pousser dans le pays.

À cause du temps chaud et sec de cet été 2022, le Royaume-Uni a vu des plantes et fruits exotiques, comme des figues et des avocats, pousser dans ses jardins extérieurs, selon des jardiniers qui se sont confiés à BBC News.

Ces derniers ont constaté que les plantes méditerranéennes et subtropicales avaient le vent en poupe ces dernières années. Mais celles-ci étaient considérées comme des plantes d'intérieur. Sauf que cette année, elles poussent en extérieur avec succès.

En revanche, les variétés que l'on trouve dans les jardins traditionnelles britanniques ont plus de mal à pousser. Et le manque d'eau menace certaines plantes selon les spécialistes.

Des hivers plus humides, des étés plus chauds et plus secs ainsi que des précipitations très variables, sont les conditions propices à la croissance de certaines plantes exotiques selon la Royal Horticultural Society (RHS).

La planète s'est réchauffée de 1,1°C depuis l'ère préindustrielle. Et d'après le Met Office, le Royaume-Uni se réchauffe légèrement plus rapidement que le rythme moyen d'augmentation de la température mondiale.

Des conséquences du réchauffement climatique déjà visibles dans les jardins du nord de l'Angleterre et notamment à Harlow Carr à Harrogate où se trouve, depuis 2020, un jardin dit subtropical.

"Il y a quelques années, il n'aurait pas survécu", explique Russell Watkins - qui s'occupe des jardins de la RHS depuis 17 ans - en pointant du doigt l'énorme feuillage d'une plante à l'aspect tropical. "Nous avons tous repoussé les limites de ce que nous pouvons cultiver."

Il y a 17 ans, alors qu'il commençait à travailler pour les jardins de la RHS, il cultivait des plantes qui poussent traditionnellement au Royaume-Uni. C'était un mélange d'arbustes rustiques et de plantes vivaces capables de vivre pendant de nombreuses années.

Et d'après son expérience, les bananes rustiques, différentes variétés de dahlias et certaines espèces de gingembre survivent de plus en plus aux hivers. Et prospèrent même "dans les longues périodes de temps ensoleillé que nous avons eues cette année."

Et ce n'est pas le seul à constater les effets du dérèglement climatique. "À mesure que le changement climatique se poursuit, il devient de plus en plus facile" de cultiver des variétés non indigènes, révèle Chris Bower de l'East Anglia, passionné de botanique et de jardinage.

Ce dernier a pu récolter des jujubes, dattes chinoises, kakis et des yuzu, une sorte d'agrumes dans son potager cette année. Et c'est avec son expérience qu'il s'est rendu compte que le climat plus sec d'East Anglia lui permettait de faire pousser des plantes nécessitant moins d'eau.

Plus surprenant encore : dans les villes, l'îlot de chaleur urbain fait son effet et stimule la pousse des fruits exotiques. C'est ainsi que James Wong, un botaniste de New Gardens a découvert que des avocats poussaient à Londres !

Probablement issus de graines jetées qui ont germé depuis, ces avocats sont bien plus résistants qu'il n'y parait : "Les très gros avocats de Londres ont même atteint des creux de -10 °C pendant de courtes périodes, y compris pendant la tempête de la 'bête de l'est' en 2018", explique-t-il.

Même si les jardiniers en herbe et les botanistes peuvent s'adonner à leur passion en plantant de nouvelles variétés, les experts avertissent que le problème reste le même : des étés chauds et secs auront un impact négatif sur toutes les cultures car toutes les plantes - qu'elles soient traditionnelles ou exotiques - ont besoin d'eau pour leur croissance...

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