Écologie : l’Indonésie veut convertir des millions d’hectares pour en faire une réserve alimentaire et énergétique !
Le 20 janvier dernier, plusieurs organisations environnementales ont pointé du doigt la décision du gouvernement indonésien. Celui-ci veut en effet convertir plusieurs hectares de forêts en réserve alimentaire et énergétique. Un choix « illogique et destructeur », pour ces organisations, qui craignent des répercutions irréversibles sur la biodiversité de l’archipel.
La Clean Transition Coalition, regroupant plusieurs ONG, condamne la décision du président de l’Indonésie, Prabowo Subianto. Ce dernier veut en effet solidifier l’autosuffisance alimentaire et énergétique de l’archipel. Le biocarburant sera valorisé, notamment par l’usage de palmiers à sucre pour le bioéthanol, dans le but de baisser les importations de carburant. Problème pour les organisations de lutte pour l’environnement : en plus d’être une catastrophe écologique, le ministre des Forêts, Raja Juli Antoni, a également affirmé que le gouvernement pense utiliser 20 millions d’hectares de forêt.
L’exécutif s’explique. Selon lui, environ 3,5 millions de tonnes de riz pourraient être produits par 1,1 million d’hectares par an. Ce qui équivaut à l’année 2023, en termes d’importations de riz pour l'Indonésie. Pour le président, le calcul est vite fait, mais les associations s’affolent.
Un risque majeur pour l'écosystème indonésien
Pour Achmad Surambo, directeur exécutif de Sawit Watch, « le projet (de convertir) 20 millions d'hectares de terres augmente considérablement le risque d'expansion de l'huile de palme ». L’Indonésie en est actuellement le premier producteur mondial.
Le pays ne représente pas moins de 54 % du marché à lui seul. Cette culture est extrêmement contestée par les écologistes, en raison de son aspect néfaste sur la planète, mais également sur les populations autochtones, celles-ci pouvant être délogées. Le président, lui, entend bien « étendre massivement les plantations de palmiers à huile », considérant qu’il s’agit du « patrimoine de la nation ».
Indonésie : mauvais élève en matière d'écologie
Le ministre des Forêts promet que le gouvernement a décidé de n’utiliser que les terres déjà accordées, et non les forêts vierges. Mais la Clean Transition Coalition assure que ce choix est « illogique et destructeur sur le plan environnemental » et risque nuire « de manière irréversible à l’environnement et à la biodiversité de l’archipel ».
Les écologistes s’offusquent d’autant plus que l’Indonésie possède la troisième forêt tropicale du monde, après celles du Brésil et du Congo. Sans compter que lors de la COP 26 sur le climat, le gouvernement indonésien tenait le discours inverse, promettant le « zéro déforestation » pour l’année 2030. Face à cette promesse non tenue, une trentaine d’organisations dénonce les mauvaises pratiques écologiques du pays. Dans le Forest Declaration Assessment, publié en octobre dernier, ces dernières expliquent que l’Indonésie est le deuxième pays, après le Brésil, à avoir déforesté le plus, en 2023 : 1,18 million d’hectares de forêt. Un chiffre alarmant.
Pour les militants, le problème reste entier. « Au lieu de défricher les forêts, le gouvernement devrait se concentrer sur l’optimisation des terres agricoles existantes, sur le respect des droits des peuples autochtones et sur la mise en œuvre d’une véritable réforme agraire ».