18°C au Mont-Dore, pas de gel au Pic du Midi : comment expliquer une telle douceur en montagne ?
Cette dernière décade de janvier est la deuxième plus chaude jamais enregistrée en France, avec de nombreux records mensuels de douceur battus, notamment en montagne. Comment expliquer cette situation ? D'où vient cet air doux ? Pourquoi le relief est-il plus concerné que la plaine ?
Une avalanche de records de douceur ! Sans mauvais jeu de mots, c'est ce qu'ont connu les montagnes françaises ces derniers jours. Entre autres : 15,5°C relevés dimanche 28 janvier à Gérardmer, dans les Vosges, à 700 mètres d'altitude, 18,1°C dans le même temps au Mont-Dore (à 1200m), dans le Puy-de-Dôme, et même 24°C à Ascou Lavail, une station de ski des Pyrénées située à 1100m.
Ces valeurs sont évidemment de nouveaux records mensuels de douceur pour un mois de janvier. Plus inquiétant encore, l'observatoire du Pic du Midi, dans les Pyrénées, situé à plus de 2800m, a connu 6 jours consécutifs sans gel (du 24 au 29), ce qui est inédit en janvier depuis l'ouverture de la station météo en 1878. Le record en hiver a été établi en 1998, avec 8 jours consécutifs sans gel du 9 au 16 février.
Une fin janvier digne d'un mois d'avril !
Que se passe-t-il ? La France est tout simplement une fois de plus sous l'influence d'un énième blocage anticyclonique, qui nous envoie des remontées d'air doux en altitude dans un flux de Sud-Ouest, ce même flux qui nous vaut à chaque occurrence des records de chaleur.
Cet air, qui passe par le Maghreb et la péninsule ibérique, est bien plus chaud que d'ordinaire (l'un des effets du réchauffement climatique), avec des records de chaleur mensuels battus notamment au Portugal et en Espagne (30,7°C à Gavarda le 25 janvier, nouveau record européen). Preuve de cette masse d'air exceptionnellement douce pour la saison, l'isotherme zéro atteignait le week-end dernier 3400 à 3600m sur les massifs français, autrement dit il ne gelait pas avant cette haute altitude !
Le temps sec et ensoleillé a évidemment favorisé la hausse des températures en journée en montagne, parfois plus que dans les plaines, soumises à de la grisaille et à des inversions de températures. Le vent de Sud ou Sud-Ouest, par effet de foehn (l'air se comprime et se réchauffe en franchissant le relief), a aussi contribué à réchauffer certains versants, notamment ceux des Pyrénées, côté français.
Ainsi, certaines villes des Pyrénées comme Saint-Girons, Tarbes, Pau et Foix ont connu une fin janvier plus chaude qu'un mois d'avril normal (17°C en moyenne l'après-midi, contre 16,7°C en avril) ! Au niveau national, la dernière décade de janvier est pour le moment la deuxième plus chaude de l'histoire, derrière janvier 2002 (mais la première pour les températures maximales !). La durée remarquable de cet épisode inquiète évidemment les stations de ski à l'approche des vacances d'hiver...