Dingue ! Un antidote découvert contre le champignon le plus mortel au monde ?
C'est une excellente nouvelle pour les randonneurs du dimanche en forêt qui aiment ramasser des champignons : l'intoxication à l'amanite phalloïde ne sera peut-être bientôt plus qu'un lointain souvenir, grâce à un antidote potentiel découvert par des scientifiques chinois...
La saison des champignons commence ! Les randonneurs du dimanche en forêt, après un printemps assez humide et les premières douceurs, devraient très rapidement trouver dès la fin du mois les premières girolles et les premiers cèpes d'été. Parfait pour les sautés de veau, les pâtes, les omelettes, les soupes : bref, les champignons sont évidemment très tentants, mais parfois très dangereux !
L'amanite phalloïde, danger mortel !
Les empoisonnements par champignons, on le sait peu, sont la principale cause de mortalité par intoxication alimentaire dans le monde. Notamment à cause de l'ingestion de l'amanite phalloïde, champignon le plus vénéneux au monde, qui en plus, cerise sur le gâteau, ressemble à des champignons comestibles. Il suffit de manger un seul champignon de ce type pour mourir, en raison de sa toxicité pour le foie et pour les reins.
En Chine, 788 décès par ingestion de champignons vénéneux ont été recensés entre 2010 et 2020, et l'amanite phalloïde est responsable de 90% de ces décès : c'est sans doute pour cela que ce champignon à lamelles blanches est appelé "calice de la mort". Mais alors qu'il n'existait aucun remède contre ce fléau, car la composition du principal constituant toxique de ce champignon, l'alpha-amanitine, était peu connue, des chercheurs chinois de l'université de Canton ont publié une étude fracassante dans la revue Nature Communications : un antidote a peut-être été trouvé !
L'antidote : un colorant bien connu
Comment ces scientifiques ont-ils réussi à trouver ce potentiel antidote contre l'amanite phalloïde ? Tout simplement en identifiant pour la première fois par criblage génétique la toxine responsable de l'intoxication. Ce criblage génétique, nommé CRISPR, permet de comprendre le rôle des gènes dans les infections virales et les empoisonnements. Cette technique avait d'ailleurs déjà permis en 2019 de trouver un potentiel antidote contre les piqûres mortelles de l'un des animaux les plus venimeux au monde : la méduse-boîte.
Ainsi, les chercheurs ont réussi à identifier cette protéine, la STT3B. Ensuite, en fouillant dans la base de données de l'agence américaine des médicaments (la FDA), ils ont trouvé une molécule qui inhibait totalement cette toxine : il s'agit d'un colorant utilisé dans les diagnostics médicaux par imagerie, le vert d'indocyanine (ICG). Ce colorant, déjà autorisé, donc, par l'administration américaine, est administré aux patients pour pouvoir visualiser leurs vaisseaux sanguins ou mesurer leur débit sanguin hépatique.
Déconcertés par cette découverte, les scientifiques estiment que "cette molécule présente un immense potentiel pour le traitement des cas d'intoxication humaine par les champignons et pourrait constituer le tout premier antidote spécifique avec une protéine ciblée". Après un premier test concluant sur des souris, des expérimentations devraient bientôt être menées sur des humains, pour potentiellement sauver les vies des chasseurs de champignons un peu trop étourdis.