Devenir vegan permettrait-il vraiment de sauver la planète ?
Si les chefs d'états et de gouvernements veulent être rigoureux pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 voire +2°C d'ici à 2050, ils doivent motiver et soutenir un changement de mode de vie alimentaire auprès de la population selon les scientifiques.
Le secrétaire britannique aux affaires, Kwasi Kwarteng, envisage de passer à un "régime végétalien complet" afin de lutter contre le changement climatique. Il affirme que la population devra changer de mode de vie si le gouvernement veut atteindre son nouvel objectif de réduire de 78% ses émissions d'ici 2035 par rapport aux niveaux de 1990. Pour autant, est-ce que cela sauverait la planète si tout le monde passait à un régime à base de plantes ?
Oui et non selon les scientifiques. Le secteur de l'alimentation est responsable d'environ un tiers de toutes les émissions de gaz à effet de serre. Martin Heller, spécialiste de la recherche à l'Université du Michigan, explique qu'il est nécessaire de changer notre façon de manger : "Cela ne veut pas dire que le changement de régime - ou même le fait de devenir végétalien - sauvera la planète. C'est plus une chose nécessaire mais pas suffisante."
Pour les chercheurs en développement durable, les politiques ont un rôle à jouer au sein des populations pour promouvoir et motiver un changement de régime alimentaire auprès des gens afin de réussir à atteindre leur objectifs de réduire le réchauffement climatique à +1,5°C d'ici à 2050.
Le secteur de l'agro-alimentaire parmi les plus polluants :
Devenir végétalien pendant deux ans générerait l'économie d'un vol de l'Europe vers les États-Unis d'après Frank Mitloehner, spécialiste de la vulgarisation de la qualité de l'air à l'Université de Californie. Les chiffres sur l'impact de la réduction ou de la suppression de la viande dans l'alimentation varient. Certaines études montrent que devenir végétarien ne réduirait que de 3% par personne les émissions de GES alors que d'autres calculent une réduction des émissions de 20 à 30% par personne si on réduisait de moitié la consommation animale.
George Monbiot, militant environnemental a analysé ces différentes données et explique qu'il y a deux types de calcul utilisés par les chercheurs : le "compte courant carbone" résultant des carbones libérés lors de la production de tel ou tel aliment, et le "compte de capital carbone" - soit le coût d'opportunité carbone de la production d'une nourriture plutôt qu'une autre.
En 2018, les recherches sur l'alimentation d'origine animale avaient prouvé que supprimer la viande et les produits laitiers était le meilleur moyen de réduire notre impact environnement sur la planète. Sans cette consommation, l'utilisation mondiale des terres agricoles pourrait être réduite de plus de 75% - soit une superficie équivalente aux États-Unis, à la Chine, à l'Union européenne et à l'Australie réunis - tout en continuant à nourrir la population mondiale.
Et le rôle des politiques dans tout ça ? :
Si les politiciens veulent vraiment tenir leur promesse et faire baisser les émissions de GES et ainsi limiter le réchauffement climatique, ils doivent s'attaquer aux secteurs polluants comme l'agro-alimentaire et aussi accompagner les industries de la restauration. Les experts sont clairs : il faut changer notre façon de manger mais cela doit être encourager par la classe politique.
Le Dr Marco Springmann, chercheur en développement durable et santé publique à l'Université d'Oxford propose d'avoir un coût carbone approprié, à savoir, proposer des prix incitatifs pour les produits durables et donc augmenter les prix des produits alimentaires polluants, rendant inévitablement la viande de boeuf et autres produits laitiers beaucoup plus chers...
Il devient urgent pour les chefs d'états de faire évoluer les mentalités et de provoquer un changement vers une alimentation végétale car nourrir une population croissante à base de nourriture animale d'ici à 2050 occuperait "toutes les émissions autorisées si nous voulons rester en dessous d'une augmentation de température de 2°C", d'après Martin Heller.