Des arbres génétiquement modifiés permettent-ils vraiment de lutter contre le réchauffement climatique ?

Une entreprise américaine a développé des arbres génétiquement modifiés qui pourraient se montrer utiles dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Arbres
Les arbres plantés par l'entreprise Living Carbon poussent plus vite que les autres, ce qui les rends plus actifs dans le captage du CO2

Une start-up américaine a récemment créé des arbres génétiquement modifiés absorbant plus de CO2 que les autres, une nouvelle technique de lutte contre le réchauffement climatique.

Des arbres poussant plus vite que les autres

Nous le savons, les arbres participent à la lutte contre le réchauffement climatique en captant et en absorbant le dioxyde de carbone atmosphérique. En partant de ce principe et en s'inspirant d'une théorie selon laquelle un refroidissement progressif de la Terre aurait eu lieu il y a 50 millions d'années en liaison à la présence massive de fougères aquatiques absorbant le carbone de l'atmosphère, la start-up Living Carbon a mis au point une nouvelle espèce de peupliers génétiquement modifiés.

Après des années d'expérience en laboratoire, l'entreprise a en effet réussi à créer des peupliers génétiquement modifiés qui poussent plus vite que les autres. L'idée est simple : faire pousser ces arbres plus rapidement les rends plus actifs dans la lutte contre l'augmentation du CO2 dans notre atmosphère.

Pour arriver à ce résultat, la photosynthèse est renforcée grâce à la manipulation génétique. La start-up a ajouté deux gênes d'autres espèces, notamment celui d'une algue, et modifié un gêne de son propre peuplier. Living Carbon s'est également appuyée sur les travaux de chercheurs de l'université de l'Illinois qui ont réussi à optimiser le phénomène de photo-respiration, pendant lequel on observe une sorte de gâchis de CO2 chez certaines espèces de plantes.

En 2023, l'entreprise a déjà planté des centaines d'arbres en Géorgie, puis dans l'Ohio sur une ancienne mine. Au début de l'année 2024, ce sont ainsi 170 000 arbres qui ont été plantés par Living Carbon, mais il est important de noter que seulement 8 900 d'entre eux sont des versions génétiquement modifiées.

Cette technique sera-t-elle vraiment efficace ?

Si l'idée semble particulièrement bonne sur le papier, certains points potentiellement problématiques restent pour le moment en suspens. Dans un premier temps, il est important de réellement étudier le passage du laboratoire au monde réel. Les arbres seront-ils aussi efficaces pour capter le CO2 dans la nature ? Résisteront ils à leur environnement ? Quel sera leur impact sur d'autres espèces dans les régions où ils ont été plantés ?

Selon le groupe Genetic Literacy Project, un média scientifique américain, les peupliers plantés en Géorgie ne sont en effet pas natifs de la région, ce qui pourrait perturber les écosystèmes du secteur. De plus, une croissance accélérée pourrait au final affaiblir plus rapidement la plante, ce qui aurait également un impact sur les régions où ils sont plantés avec des pans entiers de forêts pouvant dépérir prématurément.

Bon nombre d'experts trouvent également que Living Carbon manque de transparence dans la publication de ses résultats. Si la start-up indique clairement l'évolution de ces arbres en laboratoire, elle et toutefois moins loquace concernant l'évolution des plantations dans le monde réel. Enfin, la prudence s'impose dans tous les cas, ces arbres restant des organismes génétiquement modifiés dont on ne connaît pas encore les conséquences sur le milieu naturel, outre le captage du CO2.

Beaucoup reprochent également à l'entreprise de vouloir aller bien trop vite dans l'implantation de leurs peupliers génétiquement modifiés dans la nature, mais Living Carbon justifie cette hâte simplement par l'urgence climatique dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Il est tout de même important de rappeler que, si le but premier est de sauver la planète, l'entreprise gagne aussi de l'argent avec ses plantations, grâce notamment aux compensations carbone en échange de la séquestration du CO2.

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