Depuis combien de temps existe le phénomène El Niño ? La réponse est étonnante, au-delà de ce qu'on imaginait !

Et si tout le monde se trompait à propos d'El Niño ? Ce phénomène climatique aléatoire existerait depuis bien plus longtemps qu'on ne le pensait, et son intensité était sans doute bien plus forte qu'aujourd'hui. Pourquoi ?

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Le phénomène El Niño, une masse d'eau chaude anormalement présente dans l'océan Pacifique tropical, influence le régime des précipitations sur toute la planète (de la sécheresse aux inondations).

Dans nos connaissances climatiques, les enregistrements les plus anciens du phénomène El Niño datent de 130.000 ans et se nichent dans des coraux fossiles de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Pourtant, une modélisation proposée par une étude publiée dans les comptes-rendus de l'Académie nationale des sciences des États-Unis révèle que l'existence d'El Niño est bien plus ancienne que cela.

Déjà au temps de la Pangée !

Ce phénomène El Niño, nous le connaissons bien, car nous l'avons subi pendant plusieurs mois en 2023/2024 : il s'agit d'une masse d'eau anormalement chaude dans l'océan Pacifique tropical, qui vient déstabiliser le régime des précipitations dans le monde entier, entre sécheresses et inondations.

Il modifie aussi à la marge les températures de l'atmosphère. Son pendant froid s'appelle La Niña.

Une nouvelle modélisation, révélée dans une étude publiée cette semaine dans les comptes-rendus de l'Académie nationale des sciences des États-Unis, nous apprend que ce phénomène El Niño existait déjà il y a... 250 millions d'années au moins ! À l'époque, la surface de la Terre était constituée d'un seul grand continent, la Pangée, et d'un océan unique, Panthalassa.

On sait de nos jours qu'El Niño bouscule le jet-stream, en asséchant par exemple le Nord-Ouest des États-Unis, et qu'à l'inverse La Niña rend par exemple la mousson plus intense en Asie du Sud. Ce n'est rien par rapport à ce qui se produisait avant notre ère, puisqu'au temps de la Pangée, les variations de températures liées à l'oscillation El Niño-La Niña étaient bien plus intenses !

L'hypothèse du "bruit atmosphérique"

Pour obtenir ce résultat, les chercheurs ont utilisé le même outil de modélisation climatique que celui du GIEC, en l'exécutant à l'envers pour observer le lointain passé. Ce travail était si complexe qu'ils ont modélisé non pas chaque année, mais chaque tranche de 10 millions d'années : 26 tranches au total pour plusieurs mois de calculs informatiques !

Dans toutes les tranches, ils ont observé un phénomène El Niño actif, et presque toujours plus fort que celui observé de nos jours. Comment l'expliquer ? Peut-être à cause du rayonnement solaire, 2% plus faible qu'aujourd'hui, à cause d'un CO2 plus abondant qu'aujourd'hui (ce qui rendait l'atmosphère et les océans plus chauds), ou encore à cause de la répartition terre-mer différente.

Si la structure thermique de l'océan est cruciale pour expliquer El Niño, un autre facteur avait été oublié par les précédentes études : le rôle des vents de surface océaniques, une sorte de "bruit atmosphérique".

Auparavant négligé, ce "bruit atmosphérique" pourrait agir comme un coup de pied aléatoire sur le pendule climatique El Niño-La Niña. Une oscillation qui bascule d'un côté ou de l'autre, avec une force fonction de l'intensité de ces vents de surface. Cette révélation nous permettra à l'avenir de mieux estimer l'intensité des futurs El Niño, dans un climat encore plus réchauffé.

Références de l'article :

Le phénomène El Niño existerait depuis au moins 250 millions d'années, selon une modélisation - Geo

Persistently active El Niño-Southern Oscillation since the Mesozoic - PNAS

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