Déficit de soleil au Sud, plus lumineux au Nord : la météo de ce mois de mars en France est-elle toute retournée ?

Cela peut paraître surprenant, mais les régions proches de la Méditerranée connaissent un important déficit d'ensoleillement en ce mois de mars, alors que le Nord de la France a profité d'un temps plus lumineux. Comment expliquer ce contraste étonnant ?

Question météo ciel ensoleillement prétexte
Sur les 20 premiers jours du mois de mars, le déficit d'ensoleillement atteint parfois 20 à 40% près de la Méditerranée, alors que le Nord connaît des excédents inverses ! (Photo réalisée par IA).

Alors que le mois de mars n'est pas encore terminé, la France connaît des contrastes Nord-Sud étonnants : un déficit d'ensoleillement marqué près de la Méditerranée avec un temps plus humide que la normale, et dans le même temps un ciel plus lumineux sur la moitié Nord avec un déficit de précipitations. Comment expliquer cette situation ?

Deux fois plus de pluie que la normale dans le Sud-Est !

En prenant en compte la période du 1er au 20 mars, selon Météo-France, donc avant la dégradation arrivée sur le pays ce vendredi, on observe une étonnante répartition de l'ensoleillement. Plus on se déplace vers le Nord de la France, plus l'excédent d'ensoleillement est important par rapport aux normales : +69% au Touquet, +50% à Paris et +37% à Strasbourg.

Dans le même temps, un peu comme en mars 2022 où la situation était comparable (ce n'est donc pas inédit), le déficit d'ensoleillement est important sur le pourtour méditerranéen : -46% à Perpignan, -27% à Marignane, -21% à Montpellier et -4% à Nice.

Une répartition logique, quand on sait que les conditions anticycloniques ont dominé depuis le début du mois sur les régions du Nord, alors que près de la Méditerranée des épisodes pluvieux parfois conséquents se sont installés dès le 10 mars. Ainsi, entre le 1er et le 17 mars, les cumuls de pluie ont souvent déjà dépassé les normales mensuelles d'un mois de mars près de la Méditerranée.

Il est ainsi déjà tombé plus de deux fois la normale de mars sur les Bouches-du-Rhône, et environ une fois et demie la normale sur les autres départements de la région PACA (sauf les Hautes-Alpes), ainsi que sur le Gard, l'Ardèche et la Corse-du-Sud. Une situation toutefois à relativiser car les normales y sont peu élevées en mars, avec des pluies bien moins intenses généralement qu'à l'automne.

Des conditions dépressionnaires en Espagne

Observer de tels excédents de pluie n'est pas exceptionnel : la variabilité des précipitations d'une année sur l'autre en mars est importante près de la Méditerranée. Ainsi, à l'échelle de la région PACA, la période du 1er au 17 mars était encore plus pluvieuse en… 2024, l'an dernier ! Et c'était aussi le cas en 2018, 2013, et 2001.

Sur la même période du 1er au 17 mars, le déficit de précipitations est à l'inverse très marqué sur la moitié Nord : il dépasse 50% sur la Bretagne, les Pays-de-la-Loire, la Normandie, l'Île-de-France, les Hauts-de-France et le Grand-Est. Sur plusieurs de ces régions, il faut parfois remonter à 2011 pour trouver un début de mois de mars plus sec.

Dans les Hauts-de-France, qui étaient souvent proches de l'anticyclone qui dominait sur l'Europe du Nord, le mois de février était déjà déficitaire en pluie, il faut aussi remonter à 2011 pour retrouver un cumul de pluie plus faible entre le 1er février et le 17 mars. Cela a permis une baisse sensible de l'humidité des sols : l'indice qui la mesure est désormais en-dessous de sa valeur médiane.

La responsable de cette situation, on la connaît : c'est une dépression, qui a stagné régulièrement en Espagne, donnant des conditions perturbées sur la moitié Sud de la France avec deux épisodes de vent d'Autan en Occitanie. En date du 20 mars, la station météo de Madrid avait déjà battu son record historique de pluie tous mois confondus, avec un cumul de 214 mm de précipitations !