Face à l'absence de pollinisateurs, les fleurs des champs choisissent... l'autofécondation !
Les fleurs des champs, face à la raréfaction des pollinisateurs, ont trouvé la solution pour se reproduire : elles choisissent l'autofécondation, selon certains scientifiques. Un choix qui pourrait faire partie d'un terrible cercle vicieux...
Mais que se passe-t-il dans nos champs ? Alors que traditionnellement, les fleurs des champs (qui poussent près des cultures agricoles) attendent patiemment de se faire butiner par des insectes pollinisateurs, des chercheurs annoncent que pour faire face au déclin de ces derniers, ces végétaux ont recours à l'autofécondation pour se reproduire. Avec quels impacts ?
20% de nectar en moins !
Ces résultats découlent d'une étude publiée dans la revue New Phytologist le 20 décembre, dans laquelle des chercheurs ont mis en évidence des chiffres étonnants : les fleurs des champs, en l'occurrence les pensées, sont désormais 10% plus petites et produisent 20% de nectar en moins que leurs ancêtres. Encore plus inquiétant : elles sont beaucoup moins butinées par les insectes pollinisateurs...
Pourquoi un bourdon ne voudrait-il plus de sa douce pensée bien-aimée ? Tout simplement parce que lorsqu'il obtient sa récompense après avoir participé à la reproduction de la plante, il se rend compte que la portion de nectar qui lui est délivrée est de plus en plus petite. Autrement dit, il ne reviendra plus butiner cette fleur la prochaine fois !
Mais ce n'est pas tout ! En comparant des pensées d'aujourd'hui, en Île-de-France, à celles des années 1990 ("ressuscitées" en laboratoire grâce à des graines collectées à l'époque au même endroit), des chercheurs du CNRS et de l'université de Montpellier ont remarqué que les fleurs actuelles avaient davantage recours à "l'autofécondation".
Un cercle vicieux enclenché ?
L'autofécondation, c'est lorsque l'ovule de la fleur est fécondé par le pollen issu de la même fleur (et non par un autre apporté par un insecte). Les chercheurs constatent une "évolution rapide" vers l'autofécondation, en raison du déclin progressif des insectes pollinisateurs, dont les trois-quarts ont disparu des aires protégées depuis 30 ans à cause de l'épandage massif de pesticides.
En quoi est-ce mauvais ? Tout simplement parce qu'il pourrait s'agir du point de départ d'un cercle vicieux : avec la disparition des insectes, les fleurs produisent moins de nectar, ce qui pourrait encore aggraver le déclin de ces insectes, etc. Il va donc falloir très rapidement, comme le suggère l'étude, mettre en place des mesures (ciblant les pesticides, en accompagnant les agriculteurs et en changeant de modèle ?) pour permettre le maintien des interactions fleurs-insectes.
Cela fait plusieurs millions d'années que ce lien existe, mais si les insectes en sont les victimes, les fleurs, elles, peuvent s'adapter plus facilement à ces changements de conditions de vie (même avec le réchauffement climatique). Les croisements entre espèces, à travers la reproduction, permettent d'augmenter la variabilité génétique dans les populations de fleurs, et ainsi exclure le risque de leur disparition.