Des décharges d'explosifs dans les fonds marins français ! Découvrez les zones du littoral concernées

Les fonds marins français regorgent de décharges d'explosifs, déversés près des littoraux depuis les années 1920. Dépôts de munitions, épaves, engins non explosés : où se trouvent exactement ces menaces sous-marines ? Quels dangers pour les pêcheurs et les baigneurs ?

Mine sous-marine munition arme prétexte
L'une des techniques utilisées depuis les années 1920 pour se débarrasser des munitions est l'immersion par sous-marin, bateau voire avion, dans des endroits peu fréquentés par les navires.

Depuis les années 1920, des centaines de tonnes d'armes chimiques et conventionnelles (bombes, grenades, mines, torpilles) ont été déversées dans la mer par le gouvernement français, pour s'en débarrasser à moindre coût. Peut-on les éliminer sans risque ? Où se trouvent-elles ? Y a-t-il un danger pour les pêcheurs et les plongeurs ?

Un recensement inédit

L'équipe de l'émission "Vert de rage", diffusée sur France 5 le lundi 27 mai, a pour la première fois réalisé un recensement inédit de ces décharges d'explosifs immergées, publié par nos confrères de France Info. Un travail rendu possible en croisant plusieurs sources, comme des archives de presse, des cartes maritimes ou des rapports d'une commission internationale pour la protection des mers.

Toutes les zones du littoral français sont concernées, sauf quelques-unes moins exposées, comme la Corse, l'Occitanie, le Sud des Landes, la Gironde, l'Ouest du département de la Manche et le Sud du Pas-de-Calais. Ailleurs, on peut trouver dans les fonds marins des dépôts de munitions, parfois chimiques, des épaves avec munitions ou des engins non explosés. Un travail toutefois non exhaustif.

Comment ces armes se sont-elles retrouvées dans ces zones ? Par trois méthodes très particulières utilisées pour se débarrasser de ces munitions : le sabordage des navires pour les faire couler ; le pétardage, c'est-à-dire faire exploser ces armes après les avoir enterrées ; l'immersion par avion, sous-marin ou bateau dans des zones peu fréquentées par les navires.

Un grave danger pour l'environnement

Ces enfouissements dans l'eau ont eu lieu jusqu'en 2002, avec encore à l'époque un peu moins de 10 tonnes de munitions déchargées par an. Certaines zones sont protégées des curieux par des interdictions de navigation ou de baignade établies par les préfectures. Toutefois, le recensement étant imprécis, d'autres zones dangereuses restent encore accessibles aux pêcheurs et aux plongeurs.

Certains considèrent que la France a eu ainsi un comportement inacceptable en se déchargeant de ces armes dangereuses pendant de nombreuses années : sachez tout de même que les scientifiques estiment qu'il faut 80 à 100 ans pour qu'une munition commence à s'abîmer en mer.

Lors du pétardage, les explosions font l'effet d'un séisme pour les poissons, totalement déstabilisés. Mais la fuite des substances toxiques (via par exemple l'érosion des gaines en métal autour des munitions) est toutefois le premier risque majeur pour la biodiversité : celles-ci (comme le gaz moutarde) peuvent infecter les mollusques, les algues, les poissons et toute la chaîne alimentaire.

Manipuler ces munitions serait encore pire (comme lors du contre-minage), puisque cela pourrait accélérer la dissémination des agents chimiques dans l'eau. Lorsque les composants chimiques se déversent dans la mer ou l'océan, cela crée une réaction chimique qui diminue le taux d'oxygène dans l'eau et étouffe les organismes vivants.

En Charente-Maritime et dans le Calvados, les équipes de "Vert de rage" ont d'ores et déjà relevé dans le sable des résidus de TNT, du cobalt, du nickel, du plomb et de l'arsenic, au-delà des seuils à respecter... La santé humaine risque-t-elle aussi d'être menacée ?

Référence de l'article :

Bombes, grenades, torpilles.. Où se trouvent les munitions explosives ou toxiques enfouies dans les fonds marins français ? - France Info

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