Début de la saison des ouragans en Atlantique : déjà plusieurs faits intéressants
La saison des ouragans débute officiellement le 1er juin sur l'Atlantique. Si celle-ci ne fait que commencer, plusieurs faits intéressants concernant les phénomènes tropicaux ont déjà pu être observés ces derniers mois.
La saison des ouragans en Atlantique a débuté officiellement le 1er juin dernier. Pourtant, plusieurs phénomènes tropicaux intéressants se sont déjà produits depuis le début de l'année sur le bassin atlantique, certains avant même que la saison officielle débute.
Une tempête subtropicale en plein mois de janvier !
Alors que l'information était plutôt passée inaperçue, le National Hurricane Center (NHC), centre de recherche et de prévisions sur les ouragans basé aux États-Unis, a annoncé en mai dernier qu'une tempête subtropicale s'était formée à la mi-janvier sur l'Atlantique.
Cette tempête s'est en effet formée au large de la côte Est des Etats-Unis en plein mois de janvier en dehors des zones considérées comme tropicales. Toutefois, celle-ci a présenté des caractéristiques de tempêtes tropicales, tirant par exemple son énergie des courant chauds de l'Atlantique-Nord, et a donc été classée comme tempête subtropicale rétroactivement par les services de prévisions américains. Si celle-ci avait était identifiée le jour même, elle aurait reçu le nom d'Arlène, mais comme sa formation fut repérée plus tardivement, le NHC l'a désigné comme « AL012023 ».
Les cyclones et tempêtes tropicales durant le mois de janvier sont particulièrement peu fréquents sur l'Atlantique mais ce phénomène n'est toutefois pas inédit non plus. En janvier 2016, l'ouragan Alex s'était formé au Nord-Ouest de l'Afrique et fut seulement le deuxième se formant au mois de janvier dans l'Atlantique depuis le début des observations météo. En 1955, l'ouragan Alice avait aussi circulé dans le bassin Atlantique durant le mois de janvier mais celui-ci s'était formé en décembre de l'année précédente.
Une première tempête tropicale à la trajectoire peu commune
Au début du mois de juin, donc au début officiel de la saison des ouragans 2023 sur l'Atlantique-Nord, la tempête tropicale Arlene s'est formée dans le Golfe du Mexique à l'Ouest immédiat de la Floride. Celle-ci fut donc officiellement la première tempête nommée de la saison 2023 dans le bassin.
En général, lorsqu'une tempête se forme dans ce secteur, les terres situées plus au Nord et au Nord-Ouest s'en retrouvent menacées, le flux d'altitude dirigeant ces tempêtes et ou cyclones dans ces directions. Toutefois, la tempête tropicale Arlene fut différente de ce qui est normalement observé puisque celle-ci s'est au contraire dirigée vers le Sud, une trajectoire bien rare pour ce type de dépression dans cette région.
Cette tempête fut en effet repoussée vers le Sud par des hautes pressions situées sur les États-Unis et une petite zone de basse pressions situées sur l'Atlantique. En conséquence, aucune terre ne fut menacée et la tempête Arlene s'est rapidement éteinte quelques jours plus tard au large de Cuba.
Arlène fut plus précoce que la moyenne
Si la tempête tropicale citée précédemment n'a engendré que peu d'inquiétudes et a possédé une durée de vie somme toute assez courte, elle fut néanmoins assez remarquable par sa précocité. En effet, depuis le début des relevés satellites (1960), environ 55% des mois de juin observent au moins une tempête nommée dans l'Atlantique.
Toutefois, Arlene est, climatologiquement parlant, une tempête précoce dans le bassin puisque selon la NOAA, la première tempête tropicale nommée de la saison est en général observée aux alentours du 20 juin. Depuis 1851, seulement 7 dépressions tropicales sur un total de 1 923 se sont formées le jour du début officiel de la saison des ouragans en Atlantique.
Le paradoxe d'El Niño
Le phénomène El Niño se met en place en cette année 2023 à l'échelle de la planète après plusieurs années dominées par La Niña. Cette situation est en général peu favorable à une saison des ouragans plus active que la moyenne sur l'Atlantique en raison notamment de vents défavorables à la formation et surtout au maintien des tempêtes sur le bassin. Au contraire, cette situation est plus favorable à la formation de cyclones sur l'Est du Pacifique, menaçant donc le Mexique et une partie de la Californie.
Cependant, une saison des ouragans moins active que ce que nous avons connu ces dernières années ne signifie pas qu'aucun cyclone ne se formera sur le bassin. Dans ses dernières prévisions, la NOAA entrevoit d'ailleurs une saison proche de la moyenne avec 12 à 17 tempêtes nommées (contre 14 en moyenne), 5 à 9 ouragans (7 en moyenne) et 1 à 4 ouragans majeurs (3 en moyenne). Il y a donc de grandes chances qu'un ou plusieurs cyclones majeurs soient observés sur le bassin Atlantique durant cette saison 2023.
De plus, il est important de noter que les eaux du bassin Atlantique sont particulièrement chaudes cette année, notamment dans le secteur où les tempêtes et les ouragans ont tendance à se former (entre l'Ouest de l'Afrique et le Golfe du Mexique). Sur ces régions, la température de l'océan fut souvent la plus chaude jamais observée entre avril et mai, ce qui laisse planer de grandes inquiétudes pour les prochains mois quand on sait que les eaux chaudes fournissent une énergie importante pour le développement et surtout le renforcement des ouragans.