Cultures : le gel tardif de retour, inquiétude pour ces prochaines semaines
Avec le retour des gelées matinales dans de nombreuses régions cette semaine, les arboriculteurs et viticulteurs ont dû mettre en place des systèmes de lutte anti-gel afin d'éviter de trop grandes pertes dans les vergers et les vignes. Explications et prévisions.
Après les dizaines de records de chaleur battus le 27 mars dernier, voilà qu’une masse d’air froid s’est installée sur le pays. En l’absence de couverture nuageuse nocturne, les températures baissent fortement pour passer dans le négatif avant le lever du jour. Des gelées localement marquées ont ainsi fait leur retour lundi avant de se généraliser ce mercredi matin. Si des gelées ne sont pas anormales à cette période de l'année, la grande douceur de la semaine dernière a accéléré le processus de réveil de la nature. Les arbres fruitiers comme la vigne ont vu les bourgeons apparaître et même parfois éclore, ce qui les rend plus vulnérables face au gel.
Ainsi, les arboriculteurs comme les viticulteurs sont sur le qui-vive et ont dû déployer des moyens parfois importants pour tenter de limiter la baisse de la température dans leurs parcelles. Parmi ces techniques, l'une des plus répandues est l'utilisation de bougies et de braseros. Cette méthode consiste à disposer de grosses bougies dans des boîtes métalliques avec des blocs de paraffine ou des braseros au milieu des vignes. Ils vont alors réchauffer l'air ambiant autour des parcelles où ils ont été installés, limitant de 2 ou 3°C la baisse de la température. Si cette méthode offre un beau spectacle nocturne, elle n’est en revanche pas très respectueuse de l'environnement car les feux émettent du dioxyde de carbone.
En plus des bougies, des bottes de paille humides sont aussi régulièrement utilisées car elles créent un important brouillard. Cette fumée émise joue alors le rôle d'un écran thermique comme lorsqu'il y a une couverture nuageuse la nuit, limitant ainsi la baisse de la température. Parmi les autres moyens de lutte anti-gel à disposition des professionnels, il y a aussi les éoliennes. D'une hauteur de 10 à 12 mètres, elles brassent l'air situé au-dessus des vignes. Dans la mesure où il est généralement un peu plus doux que celui présent près du sol, il va ainsi se mélanger et permettre une hausse sensible de la température. Certains viticulteurs utilisent cette technique avec des hélicoptères qui volent en dessous de 20 mètres d'altitude mais celle-ci est plus dangereux en raison du manque de luminosité mais aussi particulièrement coûteuse.
Autre méthode utilisée : l'aspersion. Elle consiste à asperger avec de l'eau les branches des arbres et les ceps des vignes. Les bourgeons sont alors pris dans une sorte de poche de glace sans que l'eau qu'ils contiennent ne gèle : c'est le principe de la surfusion. Si ce procédé est efficace, il est toutefois délicat car la poche de glace ne doit pas décongeler trop vite, au risque de "brûler" le bourgeon. Il faut alors arroser régulièrement les parcelles jusqu'à ce que la température redevienne positive. Les installations nécessaires à l'aspersion sont, elles aussi, très coûteuses.
Dans tous les cas, la lutte contre le gel nécessite des moyens humains importants pour déployer le matériel, sans compter qu'il convient de rester éveillé et mobilisé une grande partie de la nuit et jusqu’au moment où les températures atteignent leur minimum, c’est-à-dire au lever du jour soit entre 7h et 8h du matin. Des gelées localement marquées ont encore été observées ce matin mais uniquement dans l’est du pays, entre le Grand Est, la Bourgogne-Franche-Comté et l'Auvergne-Rhône-Alpes, avant une remontée progressive du mercure pour le week-end de Pâques. Le risque de gel devrait alors disparaître des zones de plaines.