Crâne d’oiseau fossilisé retrouvé en Antarctique : l’évolution aviaire est remise en question
Nature dévoile une étude qui remet en cause nos connaissances sur l’évolution des oiseaux. En 2011, le crâne fossilisé presque complet d’un oiseau est exhumé en Antarctique. Il s’agit de Vegavis iaai, un oiseau moderne, vivant à l’époque du Crétacé. Ces volatiles étaient donc présents avant l’extinction de masse des dinosaures.

Vegavis iaai. C’est cet oiseau qui remet actuellement en cause les certitudes des paléontologues. En 2011, ces derniers ont trouvé, dans l’archipel de Vega, en Antarctique, un crâne fossilisé quasiment intact du plus ancien oiseau moderne connu à ce jour. Celui-ci serait vieux de 68 à 69 millions d’années. L’étude, publiée dans Nature ce mois-ci, semble bouleverser nos connaissances sur l’évolution des oiseaux.
Un oiseau vivant avant l’extinction des dinosaures
En vivant à cette époque, appelée le Crétacé, cet oiseau côtoyait donc les dinosaures et évoluait dans un environnement boisé et tempéré. En effet, l’Antarctique n’était pas le continent blanc que l’on connait aujourd’hui. Cohabitaient alors deux familles d’oiseaux : les énantiornithes, la majorité, se servaient de leurs dents et de leurs griffes pour survivre. Les néornithes, moins nombreux, possédaient des critères plus proches des oiseaux modernes.
Ce sont ces oiseaux-là qui ont survécu à la grande extinction de masse, survenue il y a 65 millions d’années
Conclusion : les oiseaux « modernes » évoluaient déjà avec les oiseaux « archaïques » et sont les seuls à avoir survécu, alors que l’on pensait qu’ils n’étaient apparus qu’après cette période. Mais le crâne retrouvé prouve le contraire. Patrick O’Connor, coauteur de l’étude, annonce que le Vegavis iaai est « le membre le plus ancien du groupe d’oiseaux que nous connaissons aujourd’hui, qui compte environ 11 000 espèces. »
Vegavis est un oiseau aquatique, proche de la grèbe et de la taille d’un canard. Il possède un bec édenté et une mâchoire assez puissante pour la chasse sous-marine. Autres particularités typiques des oiseaux modernes : l’hypertrophie du cervelet et un déplacement vers le bas des lobes optiques. Le professeur à l’Université du Pacifique en Californie et également coauteur de l’étude, Christopher Torres, explique que « Vegavis utilisait ses jambes pour se déplacer sous l’eau et possédait une musculature adaptée à la fermeture de son bec sous l’eau pour attraper des poissons. »

La découverte de Vegavis n’a rien de nouveau en soi. Les fossiles de cet oiseau sont connus depuis une vingtaine d’années. En revanche, c’est la première fois qu’un crâne est découvert en assez bon état pour pouvoir l’étudier. Grâce à la 3D, les scientifiques ont pu reconstituer le crâne de l’animal et voir comment celui-ci a pu survivre à l’extinction de masse des dinosaures non aviens.
Pour les chercheurs, plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène. D’abord, le fait que cet oiseau soit un oiseau semi-aquatique et ensuite, le fait qu’à l’époque du Crétacé, l’Antarctique se révélait être un environnement boisé, luxuriant et au climat frais et tempéré. Pour Patrick O’Connor, « ce fossile souligne que l’Antarctique a beaucoup à nous apprendre sur les premiers stades de l’évolution des oiseaux modernes. »
Références de l’article :
En Antarctique, cet oiseau qui côtoyait les dinosaures avait tout d'un canard
Le fossile du plus vieil oiseau moderne connu découvert en Antarctique