Inde : la catastrophe de Chamoli reconstituée grâce aux satellites !
Cette coulée de boue et de glace, survenu le 7 février dernier dans le district de Chamoli en Inde, avait causé 200 morts et disparus. Des scientifiques ont eu l'idée d'utiliser les images satellites pour reconstituer et tenter d'expliquer l'origine de cette catastrophe.
Le 7 février 2021, peu avant l'aube, une énorme coulée de boue, de glace et de roches d'environ 27 millions de mètres cubes dévastait le district de Chamoli dans la région de l'Uttarakhand en Inde. Cet effondrement a provoqué une coulée de débris dans les vallées fluviales de Ronti Gad, Rishiganga et Dhauliganga, causant des dégâts importants sur les routes et détruisant deux centrales hydroélectriques, faisant plus de 200 morts, blessés et disparus.
Trois causes identifiées par les scientifiques :
Pour expliquer la catastrophes, une équipe internationale de 53 scientifiques et experts s'est réunie en ligne dans les jours qui ont suivi l'événement pour le reconstruire et enquêter sur l'étendue et l'impact de l'inondation. Pour cela, ils ont exploité des images satellite, les enregistrements sismiques, des modélisations numériques ainsi que des vidéos prises par des témoins.
À l'origine de la tragédie : un bloc de roche surmonté d’une portion de glacier s'est détaché du flanc escarpé du mont Ronti Peak dans l'Himalaya. Ce glissement de terrain géant s'est ensuite transformé en une coulée de boue. En effet, à cause de la vitesse et des frottements, la glace qui s'est détachée des pentes a fini par fondre et devenir liquide. Mélangé aux débris, cette coulée de boue, filant à plus de 100 km/h, a tout détruit sur son passage.
"Les 80 % de roches calculées dans l'avalanche ont complètement converti les 20 % de glace de glacier en eau sur les 3 200 mètres de dénivelé entre le pic Ronti et la centrale hydroélectrique de Tapovan. Cette conversion est en grande partie responsable de l'impact dévastateur de la vague de boue et de débris qui en résulte." explique Andreas Kääb, de l'Université d'Oslo.
Les satellites pour prévenir d'autres dangers ?
Les géologues et glaciologues ont constaté sur les images de Copernicus Sentinel-2 la présence d'une grande fissure dans la glace de surface, déjà présente depuis 3 à 4 ans avant la tragédie. Pour Frank Paul, de l'Université de Zurich : "Cette étude montre clairement que les données satellitaires pourraient jouer un rôle plus important dans les futures évaluations des dangers en haute montagne, en particulier pour évaluer des zones vastes et inaccessibles."
La faute au changement climatique ? Impossible de l'affirmer scientifiquement mais les chercheurs suggèrent que dans un climat qui se réchauffe de plus en plus, de tels événements pourraient se produire plus souvent et les données satellitaires devraient être utilisées pour identifier les régions dangereuses : "Chamoli était un évènement extrême rare, mais ce n'est qu'une question de temps jusqu'à ce qu'une autre lave torrentielle de la même ampleur se reproduise dans l'Himalaya", estime Holger Frey, co-auteur de ces travaux à l'Université de Zurich.