L'objectif de +1,5°C de réchauffement établi par l'Accord de Paris est-il inatteignable ?
La COP28 va établir un premier bilan des actions et résolutions entreprises depuis l'Accord de Paris en 2015, qui avait notamment pour but de limiter le réchauffement à +1.5°C à l'échelle de la planète. Mais cet objectif semble aujourd'hui inatteignable.
La COP28 a débuté il y a peu du côté des Émirats Arabes Unis. Celle-ci sera l'occasion de faire le bilan des actions et résultats de ces dernières années en matière de réductions des émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique. Mais les engagements votés, tels que l'Accord de Paris en 2015, sont-ils toujours atteignables à l'heure actuelle ?
Les accords de Paris ne sont pas respectés
L'Accord de Paris, voté en 2015, avait pour objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. Malgré beaucoup de communications à ce sujet depuis, les actions à l'échelle de la planète sont restées bien trop timides.
D'après les analyses des organisations Fintech et Iceberg Data Lab, l'empreinte carbone des États souverains et leur alignement avec les Accords de Paris datant d'il y a maintenant 8 ans sont loin d'être encourageantes pour permettre de ralentir la tendance au réchauffement.
En effet, d'après leur calculs, aucun des 10 pays les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre n'est sur la trajectoire de ces fameux accords de Paris. A l'échelle européenne, les résultats ne sont pas non plus au beau fixe puisque seulement 1/3 des pays membres de l'Union Européenne sont sur la tendance imposée par les accords de Paris, ce qui est bien trop peu.
En prenant en compte le scope 3, qui rassemble toutes les émissions de gaz à effet de serre qui ne sont pas liées directement à la fabrication d'un produit, mais à d'autres étapes du cycle de vie de celui-ci (investissement, transport, fin de vie, éliminations, etc,..), les émissions de la plupart des pays augmentent même de 50% en moyenne, ce qui est énorme !
Le seuil de +1,5°C de réchauffement devrait être bientôt atteint
Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter inexorablement à l'échelle de la planète et, même si certains pays respectent en grande partie leurs engagements, d'autres ont au contraire choisi la direction opposée, ce qui engendre donc une accentuation toujours plus importante du réchauffement planétaire.
Contrairement aux estimations des modèles de prévision climatique, le seuil de +1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle ne sera pas atteint d'ici l'horizon 2100, ni même en 2050 mais dans un avenir bien plus proche. Avec l'accentuation rapide du réchauffement ces dernières années, il est désormais quasiment certain que ce seuil sera atteint avant 2030...
Nous avons même déjà frôlé ce seuil durant cette année 2023, année durant laquelle de très nombreux records de températures tant au niveau de l'air qu'au niveau des océans ont été battus. D'après les dernières estimations, la température moyenne mondiale devrait présenter une anomalie de +1,4°C par rapport à l'ère préindustrielle cette année, soit seulement 0,1°C en-dessous du seuil symbolique voté par l'Accord de Paris.
De plus, la trajectoire actuelle du réchauffement planétaire nous amène plutôt sur un réchauffement global de +2,4 à +2,6°C d'ici l'horizon 2100, soit bien plus que ce qu'estimaient les modèles de prévision il y a encore quelques années. Il est d'ailleurs important de noter que ces chiffres sont peut-être encore sous-estimés, notamment si le réchauffement continue de s'emballer comme c'est le cas actuellement.
Les discussions changent
Il apparaît aujourd'hui difficile de maintenir cet objectif de +1,5°C de réchauffement sans le dépasser. Pour se faire, une réduction de 8% de nos émissions de gaz à effet de serre chaque année serait nécessaire jusqu'en 2034 selon une étude récemment publiée dans la revue Nature, ce qui semble presque infaisable.
Il est aujourd'hui de plus en plus clair que peu ou pas de pays ne souhaitent mettre leurs activités à l'arrêt comme ce fut le cas en 2020. Seule une transformation radicale de nos modes de vie liée à des décisions prises au plus haut niveau, de manière concernée dans le monde entier pourrait laisser un maigre espoir de continuer de se concentrer sur cet objectif de +1,5°C.
Sans de telles décisions prises durant la COP28, l'Accord de Paris pourrait rapidement n'avoir aucune valeur. Toutefois, les discussions préparatoires à la COP28 nous ont peut-être déjà donné un petit indice quant au bilan réaliste et de fait pessimiste de cette conférence sur le climat. En effet, celles-ci se sont davantage orientées vers les décisions à prendre une fois ce seuil franchi, et non plus sur les moyens à mettre en œuvre pour ne pas le franchir.