COP28 : adoption historique du fond de pertes et dommages, un signal positif pour le monde !
La COP28 qui s'est ouverte à Dubaï le jeudi 30 novembre 2023 a marqué une étape historique avec l'adoption du Fonds de Pertes et Dommages. Cette avancée majeure a été accueillie avec enthousiasme, mais des questions persistantes demeurent quant aux contributeurs, aux bénéficiaires et à la structure du fonds.
30 novembre 2023, une date marquée par la concrétisation du fonds de pertes et dommages pour les pays les plus vulnérables à la COP28, Dubaï.
Le combat de trente ans aboutit à une victoire
Le fonds pour les pertes et dommages a été au cœur des négociations climatiques depuis plus de trois décennies. Cependant, sa mise en œuvre s'est fait attendre, avec des discussions tendues sur des questions cruciales, notamment les contributeurs, les récipiendaires et l'emplacement institutionnel du fonds. L'adoption de ce fond dédié à la réparation des dommages liés aux catastrophes climatiques représente une victoire pour les pays du Sud, dont les pertes liées au changement climatique atteignent plus de 8 % de leurs richesses nationales.
L'ambassadeur de la République Démocratique du Congo à la COP, Tosi Mpanu-Mpanu, exprime la satisfaction générale, déclarant que c'est une façon positive de commencer la COP28. Le texte de mise en œuvre, adopté dès le premier jour de la COP28, a émergé des travaux d'un comité de transition composé de 24 membres du Nord et du Sud.
Le comité a réussi à trouver un consensus sur les modalités de création du fonds, sa localisation, les pays récipiendaires et la base des donateurs. La rapidité avec laquelle cela a été réalisé est louée comme un signal fort pour la légitimité de la COP28. Stéphane Crouzat, ambassadeur climat de la France, membre du comité, a exprimé sa satisfaction quant aux résultats des travaux préparatoires.
Des interrogations persistantes sur le financement
Bien que des promesses financières aient été faites par des pays tels que les Émirats Arabes Unis, l'Union européenne, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon et les États-Unis, les montants initiaux promis (420 millions de dollars) sont jugés insuffisants. Tosi Mpanu-Mpanu, souligne que cette somme est loin de couvrir les 580 milliards de dégâts subis par les 55 pays les plus vulnérables au cours des deux dernières décennies en raison du changement climatique. Joyce Banda, ex-présidente du Malawi, souligne l'importance d'actions concrètes plutôt que de simples déclarations d'intention de la part des pays riches.
Le fonds, hébergé temporairement par la Banque mondiale pour une période de quatre ans, doit devenir opérationnel dans l'année à venir. Des critiques émergent également par rapport à cette décision , suscitant des inquiétudes quant à son indépendance vis-à-vis des intérêts occidentaux.
Incertitudes concernant les bénéficiaires et les contributeurs
Si la COP28 a clarifié certains aspects, des incertitudes persistent quant aux contributeurs et aux bénéficiaires. D'une part, les pays développés en tant que responsables historiques du réchauffement climatique, sont encouragés à participer, mais cela reste facultatif. La Chine et les pays du Golfe sont également appelés à contribuer, mais aucune obligation ne leur est imposée.
D'autre part, un débat crucial a porté sur la question de savoir exactement qui bénéficierait du fonds : la priorité ira-t-elle aux "plus vulnérables" ou à tous les pays en développement, y compris la Chine? Cette question a des implications majeures pour les nations confrontées à des catastrophes climatiques, en particulier l'Afrique.
Ce que l'on sait pour le moment, c'est que les fonds devraient bénéficier aux pays les plus vulnérables, avec une part allouée aux Etats insulaires et aux pays les moins avancés. Toutefois, des ajustements sont nécessaires pour inclure des pays comme le Pakistan, la Libye ou les Philippines qui ne rentrent pas dans ces catégories.
Un signal fort malgré les défis
Malgré les montants jugés insuffisants, les inquiétudes sur l'hébergement du fond, la persistance des défis relatifs à la conciliation des divergences et surtout à l'assurance de la mise en œuvre efficace du fond de pertes et dommages, l'annonce de sa création a été saluée comme une victoire historique. Les déclarations de Sultan al-Jaber, président émirien de la COP28, témoignent de la portée symbolique et du caractère inattendu de cette avancée.
Par ailleurs, des promesses de dons, telles que celles des Emirats Arabes Unis, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, du Japon et de l'Union Européenne, ont été faites pour montrer la "bonne foi" des pays à avancer dans les actions concrètes pour le climat , mais la nécessité de prendre en compte les coûts annuels de reconstruction atteignant des centaines de milliards de dollars est avérée.
Espérons que ces annonces rétabliront la confiance entre les pays développés et en développement.