Comment une souche d'arbre de 4000 ans peut-elle nous aider à lutter contre le réchauffement climatique ?

Des scientifiques ont analysé une souche d'arbre vieille de près de 4000 ans et ont découvert que celle-ci pourrait nous aider dans la lutte contre le changement climatique.

Souche
La souche d'arbre, un Genévrier de Virginie, a été découverte sous une épaisse couche d'argile bleue près de Saint-Pie au Québec en 2013

La découverte d'une souche d'arbre vieille de près de 4000 ans a permis à des chercheurs de fournir des preuves clés en faveur d'une méthode permettant de piéger le carbone et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Enfouir du bois mort pour piéger du carbone

On le sait, les végétaux éliminent d'importantes quantités de dioxyde de carbone atmosphérique chaque année, le CO2 étant l'un des composants essentiels pour que le processus de photosynthèse se produise. Néanmoins, une grande partie de ce dioxyde de carbone est de nouveau renvoyé dans l'atmosphère lorsque les plantes ou les arbres meurent, se décomposent et/ou sont brûlés.

Néanmoins, dans certaines conditions, il peut arriver que certains végétaux conservent le CO2 qu'ils ont absorbés même après leur mort, au lieu de le rejeter de nouveau dans l'atmosphère. C'est en tout cas ce qu'ont pu prouver des chercheurs après avoir découvert une souche de Genévrier de Virginie sous deux mètres d'argile bleue près du lit d'un ruisseau à Saint-Pie, au Québec en 2013.

Cette souche d'arbre est loin d'être récente, les datations réalisées ayant permis de conclure que celle-ci était vieille de 3775 ans. Outre cet âge, c'est néanmoins le taux de carbone dans cette souche qui a le plus intéressé les scientifiques. En effet, celle-ci contenait environ 5% de carbone de moins qu'une bûche moderne issue de la même espèce d'arbre, ce qui veut dire que cette souche a conservé la majorité du carbone puisé dans l'atmosphère au cours de sa vie, même après la mort de l'arbre.

Même si l'environnement dans lequel l'arbre s'est épanoui jadis a pu jouer un rôle dans le taux de carbone relevé, les chercheurs estiment que cette découverte est une preuve que la technique du « Wood vaulting » fonctionne. Cette technique consiste à enfouir de la biomasse ligneuse sous une couche de sol argileux pour empêcher que celle-ci ne rejette dans l'atmosphère le carbone qu'elle a absorbé.

Une nouvelle méthode de lutte contre le changement climatique ?

D'après les chercheurs, si la souche de Genévrier de Virginie était restée en surface au lieu d'être enterrée, des champignons et autres organismes auraient engendré sa décomposition plus ou moins rapide et donc le rejet du CO2 absorbé. Or, les sédiments argileux et le faible taux d'oxygène de son environnement pendant environ 4000 ans auraient permis de préserver le bois en limitant la croissance des micro-organismes qui auraient en temps normal engendré sa décomposition.

En effet, Ning Zeng, l'un des auteurs de l'étude en question a notamment évoqué le fait que la structure cellulaire de cette souche de bois était quasiment intacte, ce qui veut dire qu'elle n'a subit que très peu de décomposition au fil des siècles et n'a donc, comme les analyses le confirment, rejeté que très peu de CO2 dans l'atmosphère.

Les chercheurs en sont donc convaincus, enterrer du bois dans des conditions similaires à celles dans laquelle a été retrouvée cette souche de Genévrier permettrait de limiter les rejets de CO2 et donc de piéger le carbone absorbé par les arbres durant leur vie. D'après leurs analyses, si cette méthode était utilisée à grande échelle, elle pourrait potentiellement compenser près d'un tiers de nos émissions annuelles issues des combustibles fossiles, ce qui serait loin d'être négligeable dans la lutte contre le réchauffement global.

Cette technique du Wood vaulting est étudiée depuis de nombreuses années par Ning Zeng, qui avait d'ailleurs publié ses premiers travaux sur le sujet en 2008. Celle-ci dépendant de la capacité des végétaux à absorber le carbone, elle pourrait se montrer très efficace dans le piégeage de ce gaz à effet de serre, qui représente on le rappelle 2/3 des émissions mondiales de gaz à effet de serre induites par les activités humaines aujourd'hui.

D'après ses recherches, cette technologie serait en plus relativement facile à mettre en place à grande échelle, les sols argileux étant répandus à travers le monde. Celui-ci a également évoqué le fait que les sites utilisés, de véritables cimetières géants d'arbres morts, pourraient facilement être réaffectés à l'agriculture une fois le bois enterré, ce qui éviterait un impact majeur pour les écosystèmes et l'environnement.

Références de l'article :

3775-year-old wood burial supports “wood vaulting” as a durable carbon removal method, 26 septembre 2024, Ning Zeng, Xinpeng Zhao, Ghislain Poisson et al.

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