Comment se forme le "pot-au-noir", cauchemar des marins ? Une nouvelle théorie relance le débat !
On ne compte plus les voiliers pris au piège depuis des siècles dans le "pot-au-noir", zone de vents faibles près de l'Équateur. Une nouvelle théorie remet cependant tout en cause : celle-ci ne se formerait pas comme on le pensait...
Il s'agit d'une zone dans l'océan où les voiliers restent immobilisés, piégés notamment par l'absence de vent : c'est le fameux "pot-au-noir" ou "doldrums", comme le surnomment les marins dans leurs légendes. On pensait tout savoir sur cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT), son nom officiel, et pourtant, une nouvelle théorie relance le débat sur les vraies conditions de sa formation.
Une légende bien réelle !
Le "pot-au-noir", c'est une ceinture de vents très faibles qui se forme près de l'Équateur et qui a piégé énormément de voiliers pendant plusieurs siècles, incapables de faire gonfler leurs voiles. Mais c'est aussi une zone où l'on tombe malade, en raison de la forte humidité présente, et où les orages éclatent soudainement, avec des risques de départ de feu à bord en raison de la foudre.
Selon Météo-France, la Zone de Convergence Inter Tropicale est une zone de basses pressions où les nuages ont un haut développement vertical, de type cumulonimbus. Une légende finalement bien réelle ! Elle oscille entre le Nord et le Sud de l'Équateur géographique, en fonction du mouvement du soleil, et influence la mousson dans les pays tropicaux.
Jusqu'alors, on pensait que cette zone de vents faibles s'expliquait par la convergence et l'ascension des masses d'air sous l'effet de la chaleur à cette latitude : les célèbres alizés. Mais personne n'avait fait de recherches là-dessus depuis des lustres, et la confrontation des masses d'air ne peut pas expliquer à elle seule la vaste région concernée par le pot-au-noir, notamment à court-terme.
Des masses d'air... descendantes !
Mais une nouvelle étude, publiée le 27 août dernier dans la revue Geophysical Research Letters, démonte totalement cette théorie. Julia Windmiller, spécialiste de l'atmosphère, y explique que les épisodes de "pot-au-noir" coïncident avec un ciel dégagé, une baisse des températures et une absence de précipitations : des conditions qui révèlent des masses d'air descendantes et divergentes !
Tout le contraire donc des masses d'air ascendantes et convergentes... Un résultat rendu possible grâce aux analyses sur 20 ans des données météorologiques de bouées dans la zone, pour définir les bords du "pot-au-noir" et y étudier les épisodes de vents faibles, à chaque minute.
Julia Windmiller a découvert que la "majeure partie de l'air à l'intérieur de la ZCIT descend plutôt qu'elle ne monte" : il y a ainsi des moments où le vent disparaît sur de très grandes surfaces, principalement dans les régions intérieures de la ZCIT et sur 5% de la région à un moment donné, de manière aléatoire.
Aujourd'hui, les bateaux sont équipés de moteurs, mais le "pot-au-noir" refait surface lors des courses de voiliers : sa meilleure compréhension permettrait alors d'améliorer les prévisions de trajectoire des compétiteurs, puisque les modèles climatiques peinent à simuler ces zones de vents faibles.
Mais le mystère reste entier : comment expliquer ces masses d'air descendantes ? Dans l'étude, on évoque la piste des grands systèmes orageux laissant derrière eux des courants descendants, mais aussi la piste des gradients d'humidité pouvant provoquer localement un refroidissement et un enfoncement de l'air...
Références de l'article :
Légendaire cauchemar de marin, le redoutable "pot-au-noir" ne se forme pas comme on le pensait - Geo
The Calm and Variable Inner Life of the Atlantic Intertropical Convergence Zone : The Relationship Between the Doldrums and Surface Convergence - Geophysical Research Letters