Comment se forme la bruine, observée en ce moment par temps sec, sous des hautes pressions ?

Après deux journées ensoleillées, la moitié Nord de la France a renoué hier avec la traditionnelle grisaille hivernale, se dissipant plus ou moins. Localement, elle s'est accompagnée de bruine : comment l'expliquer, alors que le temps est sec et anticyclonique ?

Vous l'avez certainement remarqué hier sur une bonne partie Nord de la France, surtout vers le Grand-Est d'ailleurs, mais aussi ce matin dans le Massif Central : après une parenthèse très ensoleillée en début de semaine, la grisaille a fait son retour, avec son lot de brumes, de brouillards, mais aussi de bruines, qui ont par endroit provoqué des phénomènes de verglas sur les routes, les sols étant gelés.

De la bruine, oui, par temps sec, anticyclonique et froid, tout cela peut paraître étonnant voire contradictoire. Comment expliquer ces précipitations sous un puissant anticyclone et des hautes pressions ? Pourquoi était-ce de la bruine et pas de la neige ? Cette situation va-t-elle se reproduire dans les prochains jours ?

Des stratus d'origine maritime : effet brumisateur

Cette interrogation n'a pourtant pas lieu d'être ! Tout est logique en météo, d'abord parce que la bruine se forme dans les nuages appelés stratus, autrement dit des nuages bas, cette fameuse grisaille qui a fait son retour hier après deux jours d'absence sur le Nord du pays. Ces stratus sont composés essentiellement d'eau liquide, et non solide, contrairement aux autres nuages.

Le vent a tourné au Nord, nous amenant un flux maritime plus doux et des nuages bas de mer du Nord, chargés en humidité, qui se sont infiltrés très loin dans les terres et ont été piégés par le couvercle de hautes pressions.

Les gouttes d'eau n'ont donc pas le temps de grossir avant de précipiter : cette bruine, appelée aussi crachin et qui finalement ne tombe pas qu'en Bretagne, a un diamètre plus petit que la pluie, 0,5 millimètre maximum. Elle est bien plus légère, et tombe lentement, un peu comme un brumisateur. Pour les piétons et cyclistes, elle peut toutefois être très désagréable car elle trempe énormément.

Mais alors pourquoi cette bruine a-t-elle existé hier et ce matin ? Parce que nous avons changé de flux : le vent a tourné au Nord, nous amenant un flux maritime plus doux et des nuages bas de mer du Nord. Ces nuages, très chargés en humidité, se sont infiltrés très loin dans l'intérieur des terres et ont été piégés par l'anticyclone. Celui-ci a agi comme un couvercle et a plaqué l'humidité au sol.

Grisaille vendredi 17 janvier
Persistance aléatoire de la grisaille, mais a priori sans bruine, demain après-midi sur la moitié Nord et le Val de Saône (en gris sur la carte).

D'où ces gouttelettes d'eau très désagréables, c'est comme si nous étions dans le nuage ! Une ambiance d'embruns, que l'on observe souvent lors d'entrées maritimes près des littoraux, qui sont d'ailleurs les zones de France à connaître le plus de bruines tout au long de l'année, dès que la brise de mer souffle.

Ce week-end, le flux devrait à nouveau s'orienter à l'Est, accentuant le froid, nous coupant donc de l'influence maritime. Si les bruines disparaissent, ce ne sera pas le cas des nuages bas, qui de manière aléatoire pourraient persister. Les anticyclones d'hiver nous réservent en effet parfois des surprises : grisaille, brouillards givrants, bruines et parfois neige industrielle (ou de pollution) !

Référence de l'article :

La bruine. Météo-France.

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