Comment la mobilisation citoyenne pourra-t-elle changer le cours de l'histoire face à la crise climatique ?

L’histoire prouve que l’action collective peut triompher face aux crises environnementales. La mobilisation citoyenne, catalyseur de changement, peut encore une fois inverser la tendance et freiner les dérèglements climatiques. Mais comment s’y prendre ?

La mobilisation citoyenne n’est pas seulement un moteur du changement, c’est l’élément clé qui peut, et doit, changer le cours de l’histoire.
La mobilisation citoyenne n’est pas seulement un moteur du changement, c’est l’élément clé qui peut, et doit, changer le cours de l’histoire.

Depuis des décennies, la crise climatique semble être une montagne infranchissable, un problème planétaire trop complexe pour être résolu par des actions individuelles. Pourtant, l’histoire regorge d’exemples où la mobilisation citoyenne a poussé les gouvernements et les industries à agir, même face à des obstacles colossaux.

Qu’il s’agisse de l’interdiction du DDT, de la réduction des émissions de plomb ou de la lutte contre les pluies acides, des citoyens engagés ont réussi à changer le cours de l’histoire. Alors, comment cette dynamique peut-elle s’appliquer aux problèmes environnementaux d'aujourd'hui ?

Des victoires remarquables

Le DDT : un miracle empoisonné

L’un des exemples les plus frappants de mobilisation citoyenne est sans doute la lutte contre le pesticide DDT. Après la Seconde Guerre mondiale, le DDT était considéré comme un produit miracle. Utilisé pour éradiquer les moustiques vecteurs de maladies et sauver des récoltes agricoles, il a fait des "merveilles".

Pourtant, les recherches ont rapidement montré que ce pesticide avait des effets dévastateurs sur la faune, en particulier sur les oiseaux, comme les aigles qui ne parvenaient plus à se reproduire à cause de la fragilisation de leurs œufs.

Rachel Carson, une biologiste passionnée, a publié Silent Spring en 1962, un ouvrage qui dénonçait les effets néfastes du DDT sur l’environnement et la santé humaine. Grâce à son travail méticuleux, un mouvement citoyen s’est formé. Malgré la forte opposition de l'industrie chimique, la pression publique a conduit à l’interdiction du DDT aux États-Unis en 1972.

Ce triomphe a prouvé que lorsque les citoyens s’unissent derrière la science, ils peuvent bouleverser le soi-disant, l'ordre établi, même face à des adversaires puissants.

Le plomb : un poison silencieux

Le plomb, omniprésent dans les peintures et l’essence au XXe siècle, représentait un danger majeur pour la santé publique. Il affectait les systèmes nerveux et cardiovasculaire, particulièrement chez les enfants. Malgré les preuves scientifiques, l’industrie du plomb a mené une campagne de désinformation pour minimiser les risques.

Clair Patterson, géochimiste, a joué un rôle clé en révélant l'ampleur de la contamination au plomb. Ses recherches ont montré que les niveaux de plomb dans les ossements humains avaient explosé depuis l'introduction massive de ce métal dans l'environnement.

Sous l'impulsion de son combat acharné et du soutien des citoyens, des lois ont été adoptées dans les années 1970 pour restreindre l’usage du plomb, notamment dans l’essence et les peintures résidentielles. En réponse, l’industrie a rapidement adapté ses processus, réduisant drastiquement la présence de plomb dans l'environnement et les niveaux dans le sang des enfants de 97 % au cours des décennies suivantes.

Les pluies acides

Les pluies acides représentent un autre exemple de réussite où la science et l’engagement citoyen ont fait une différence. Dans les années 1950 et 1960, l'utilisation massive de combustibles fossiles, notamment le charbon riche en soufre, a provoqué l’émission de dioxyde de soufre (SO2), entraînant des pluies acides destructrices pour les écosystèmes forestiers et lacustres en Europe et en Amérique du Nord.

Face à l'indignation croissante du public et aux preuves scientifiques de plus en plus accablantes, des accords internationaux ont été signés dans les années 1980 pour réduire les émissions de SO2. Les résultats ne se sont pas fait attendre : les émissions de dioxyde de soufre ont été réduites de 95% aux États-Unis en 40 ans. Cela démontre l'efficacité d'une action concertée entre gouvernements, citoyens et industries.

Des leçons à tirer pour la crise climatique ?

Les crises du passé nous enseignent une vérité fondamentale : le changement vient de la base. Les mobilisations citoyennes sont la clé pour surmonter des obstacles que l’on croyait insurmontables. L’exemple historique des engagements collectifs montre qu’une fois la pression assez forte, les gouvernements et les industries peuvent être contraints d’agir.

Aujourd’hui, les citoyens engagés redessinent l'avenir. Les marches pour le climat, réunissant des millions de personnes à travers le monde, ont propulsé l'urgence climatique au sommet des priorités politiques. Dans plusieurs pays, des politiques en faveur des énergies renouvelables, de l'électrification des transports, et de la réduction des émissions voient le jour, grâce à cette force collective.

Un des leviers les plus puissants pour accélérer cette transition reste la suppression des subventions aux industries fossiles, moteurs d’un modèle polluant. En réorientant ces ressources vers les énergies propres, nous pourrions accélérer notre passage vers un avenir durable. Mais pour réussir, il est essentiel que la mobilisation citoyenne continue de croître, soutenue par la communauté scientifique, qui éclaire le chemin avec des preuves et des solutions concrètes.

Références : Climate change is a pollution problem, and countries know how to deal with pollution threats – think DDT and acid rain

À la une