Comment expliquer la présence de polluants éternels dans la neige de nos stations de ski ?
Selon une récente étude, les perfluorés (PFAS), utilisés par les skieurs pour glisser plus vite, sont toujours présents dans nos stations de ski malgré leur interdiction. Ils sont considérés comme des polluants éternels : avec quels risques pour la santé ?
Salut, ça farte ? Eh bien pas tellement, et c'est tant mieux ! Le fartage au fluor, en compétition ou chez les skieurs amateurs, a en effet provoqué de nombreux effets délétères pour la santé humaine et l'environnement. Désormais interdite, cette technique favorisant la glisse a laissé des traces : des polluants éternels sont toujours présents dans la neige de nos stations de montagne !
Les PFAS, 100 ans pour se décomposer !
C'est au début des années 1980 qu'est apparu le fart au fluor, une substance faisant partie des perfluorés (PFAS) et qui avait remplacé la paraffine, dérivée du pétrole. En appliquant cette substance chimique sous leurs planches de ski ou de snowboard, les adeptes de la glisse pouvaient alors s'en donner à cœur joie, puisqu'elle permet, en course officielle ou en amateur, d'améliorer sa vitesse et donc son chrono.
Ce produit, comportant 4.700 molécules chimiques, met environ 100 ans à se décomposer dans la nature... Pas étonnant qu'une étude récente révélée par nos confrères du Guardian montre la présence de 14 substances différentes de PFAS dans plusieurs échantillons de neige de nos stations de ski françaises. Rappelons que ce fart au fluor était très utilisé pour les longues distances, généralement le ski de fond et le biathlon.
Certains sportifs amateurs ont aussi succombé au fart au fluor, voulant glisser plus vite que leurs voisins de télésiège. Ce sont les PFAS "purs", 100% fluorés, qui ont eu le plus de succès en montagne. En empêchant "l'eau de pénétrer dans le ski", cette substance permet pratiquement de "voler sur les pistes", notamment lorsque la neige est collante. Pourquoi ce produit si populaire a-t-il donc été interdit ?
Avalanche de problèmes respiratoires
C'est seulement en 2019 que la Fédération internationale de ski interdit le fart au fluor en compétition, suivant une recommandation européenne. Cette interdiction n'a été effective qu'au début de la saison 2023-2024, après un report lié au Covid-19. Le problème, c'est que les amateurs continuent à se procurer ce produit miracle, d'autant que les industriels peinent à lever le secret sur leurs recettes de cires végétales, censées les remplacer et suspectées d'en contenir.
Tout a commencé dans les années 1990, lorsque des problèmes respiratoires semblables à de grosses bronchites avec fièvre sont apparus chez certains athlètes, certains préparateurs de courses ou même les ouvriers des usines produisant ces PFAS. Par ailleurs, dans d'autres secteurs comme les cosmétiques ou le matériel de cuisine, ces PFAS sont tenus pour responsables de cancers, d'infertilité ou de maladies thyroïdiennes. L'interdiction fut donc tardive...
Outre les effets nocifs sur la santé, ces polluants éternels, appelés ainsi en raison de leur temps très long de dégradation dans la nature, pourraient se répandre dans les nappes phréatiques. C'est donc l'environnement qui pourrait à petit feu pâtir de l'utilisation de ce fart au fluor. D'autant que l'industrie continue d'en employer, hors compétition, et qu'aucune alternative aussi efficace n'existe encore...