Climat : un glacier au bord de la rupture dans le massif du Mont-Blanc

A priori plus de peur que de mal. La station alpine de Courmayeur, située au pied du Mont-Blanc dans le nord-ouest de l'Italie, a été brièvement évacuée en fin de semaine dernière, après des signes inquiétants concernant un élément du glacier de Planpincieux.

En raison de la canicule, de l'eau menaçait de rester bloquée sous une partie du glacier, ce qui aurait pu entraîner la chute d'un demi-millions de mètres cubes de glace, sur la station située en contrebas.

Cet incident s'inscrit dans un contexte inexorable de réchauffement climatique dans les Alpes, où l'ensemble des glaciers sont en fort recul depuis la deuxième moitié du 20e siècle.

Des habitants et des touristes évacués dans l'urgence

Mercredi soir dernier, les autorités italiennes ont ordonné l'évacuation d'une "zone rouge" de quelques centaines de large à proximité de la station touristique de Courmayeur, située dans le Val Ferret au nord-ouest de l'Italie.

Quelques heures auparavant, une réunion avec des techniciens et des géologues pointait du doigt la forte montée des températures prévues dans la région, et le risque qu'elle occasionnait sur une partie du glacier de Planpincieux.

Les fortes températures auraient pu provoquer la stagnation d'une masse d'eau liquide sous le glacier, occasionnant une "bulle" soulevant légèrement la glace, et menaçant de la faire précipiter vers la vallée en contrebas.

Cette vallée relativement peu peuplée, était surtout fréquentée par des touristes au moment de l'évacuation. Environ 500.000 mètres cubes de glace menaçaient de s'effondrer, correspondant à la partie la plus fragile du glacier de Planpincieux.

Retour à la normale dimanche

Dimanche en fin de journée, les autorités italiennes ont levé les mesures d'évacuation adoptées quelques jours auparavant. Les habitants ont pu regagner leurs domiciles et la circulation a été rétablie.

Les mesures enregistrées par les géologues ayant "confirmé un retour aux paramètres de risques habituels" sur le glacier, relaie l'AFP.

Ce n'est pas la première fois qu'une alerte de ce type est émise dans la vallée. En septembre et octobre 2019, à la suite d'un été également très chaud, un ensemble de 250.000 mètres cubes de glace avait failli s'effondrer du Planpincieux. Le glacier est depuis surveillé de près par les autorités.

La marque du réchauffement climatique

La situation inquiétante du glacier de Planpincieux n'est pas sans rappeler celle de la plupart des glaciers dans les Alpes. Depuis les trois dernières décennies, le recul des glaciers s'est fortement accéléré en lien avec l'augmentation des températures en montagne.

Les canicules ont pour effet de faire fondre une partie de la glace, qui se transforme en eau liquide et qui circule en contrebas du glacier. Cette eau liquide a alors tendance à soulever très légèrement le glacier.

En France, l'emblématique mer de Glace, située dans la vallée de l'Arve, a perdu environ 120 mètres d'épaisseur depuis un siècle. L'accélération de cette érosion est très nette ces dernières années, avec un recul d'environ 8 à 10 mètres par an.

Le plus grand glacier des Alpes, celui d'Aletsch en Suisse, pourrait lui complètement disparaître d'ici la fin du siècle si le changement climatique ne s'atténue pas. Selon une autre étude, c'est même 90% des glaciers alpins qui disparaîtraient d'ici la fin du siècle, si rien n'était fait pour contenir les émissions de gaz à effet de serre, qui accélèrent la progression des températures en montagne comme partout ailleurs.