Climat : Google continuer de financer des contenus climatosceptiques selon un rapport
Selon un rapport de plusieurs organisations luttant contre la désinformation climatique, Google (via Youtube) continue de financer des auteurs de vidéos aux connotations climatosceptiques, en totale contradiction avec les politiques de la plateforme.
En octobre 2021, Google annonçait qu'il ne permettrait plus la diffusion de publicités sur des contenus qui contredisent la science établie sur le climat, et que cette politique s'appliquerait également à sa plateforme YouTube, où les publicités sont diffusées avant, à côté ou au-dessus des vidéos.
Selon un rapport de la coalition Climate Action Against Disinformation, relayé par le New York Times ce mardi 2 mai, Google n'a pas respecté sa promesse, puisque des contenus ouvertement climatosceptiques continuent d'être financés par des publicités sur la plateforme YouTube. Explications.
YouTube rémunère la désinformation climatique
Le Climate Action Against Disinformation (CAAD) est une coalition de plus de 50 organisations luttant contre la désinformation climatique en poursuivant la responsabilité des plateformes et en surveillant les fausses informations autour du changement climatique.
Dans un rapport publié ce 2 mai, les chercheurs de cette coalition ont déclaré avoir trouvé plus de 100 vidéos violant la politique de Google en matière de désinformation sur le changement climatique et pourtant visionnées plus de 18 millions de fois au total.
Ces vidéos étaient accompagnées de publicités pour des marques connues telles qu'Adobe, Costco, Calvin Klein et Politico. Google s'était pourtant engagé en 2021 à ne plus diffuser d'annonces publicitaires aux côtés de contenus niant l'existence et les causes du changement climatique, afin que les propagateurs de fausses informations ne puissent plus gagner de l'argent sur ses plateformes, notamment YouTube.
L'ampleur complète de cette désinformation sur YouTube est difficile à estimer car les chercheurs de la coalition ont un accès limité aux données, les obligeant à rechercher laborieusement sur la plateforme avec des mots clés.
Une incitation à une meilleure modération
En 2021, Google avait justifié le choix de ne plus afficher d'annonces autour des contenus climatosceptiques parce que les grandes marques étaient de plus en plus mal à l'aise à l'idée d'apparaître avant (ou à côté) de contenus proprement inexacts sur le climat.
Michael Aciman, porte-parole de YouTube, se justifie auprès du New York Times en expliquant que "le débat politique ou les discussions sur les initiatives liées au climat sont autorisées, mais lorsque le contenu franchit la ligne du déni du changement climatique, nous supprimons les publicités de diffusion sur ces vidéos".
Il a également ajouté que les publicités auprès des contenus signalés par les auteurs du rapport avaient été supprimées.
Les modérateurs de YouTube doivent analyser des milliers de contenus chaque jour, ce qui explique peut-être les "loupés" de la politique anti-désinformation. Sous certaines vidéos contenant des affirmations fausses ou au moins contestées, YouTube présente une boîte de "contexte", avec des informations faisant autorité et un lien vers le site des Nations Unies sur le sujet.
Il n'en demeure pas moins que les créateurs de vidéos climatosceptiques peuvent tirer des bénéfices financiers considérables grâce aux publicités diffusées sur leurs vidéos, contrairement par exemple aux publications sur Facebook qui ne génèrent pas de revenus pour les auteurs. Cette incitation financière peut continuer d'encourager la propagation de désinformation climatique...