Chute de sérac : comment expliquer ce phénomène meurtrier en montagne ?
Un mort, quatre blessés et deux disparus toujours recherchés : c'est le bilan de la terrible chute de sérac qui s'est produite lundi dans le massif du Mont-Blanc, en Haute-Savoie. Quel est donc ce phénomène ? Peut-on le prévoir ?
Des secouristes, des équipes cynophiles et des hélicoptères ont ratissé le secteur du massif du Mont-Blanc du Tacul, en Haute-Savoie, ce lundi 5 août, pour rechercher deux Allemands portés disparus après la chute d'un sérac. Cet événement fréquent mais peu prévisible a tué un Français et blessé quatre autres personnes. Comment l'expliquer ? De quoi s'agit-il exactement ?
La chute d'un immense bloc de glace
Les recherches ont été arrêtés hier pour retrouver les deux alpinistes Allemands portés disparus et emportés par le phénomène, mais ce qui est certain, d'après les premières informations recueillies, c'est que la chute de sérac serait d'origine naturelle. Un événement finalement assez fréquent, qui se produit environ 8 fois par an sur la paroi concernée du Mont-Blanc, d'après Ludovic Ravanel, du CNRS.
Ce chercheur explique qu'une telle chute de sérac est une évolution naturelle et normale pour un glacier comme celui-ci, qui bouge, avance et se déforme. Le sérac, c'est un gros bloc de glace, pouvant mesurer plusieurs dizaines de mètres de hauteur. En raison des tensions internes ou des variations de température du glacier, ce sérac peut parfois se détacher : c'est alors la chute de sérac.
En tombant brusquement, le sérac se brise souvent en plusieurs morceaux lors de son impact sur le sol, une pente ou une paroi : le tout peut alors créer un danger sérieux voire mortel pour les alpinistes et les randonneurs en contrebas, mais aussi créer des avalanches, là-aussi meurtrières.
Un lien avec le réchauffement climatique ?
Généralement, les chutes de sérac sont très difficiles à prévoir par les professionnels et se déclenchent toute l'année. Autant dire que c'est encore plus aléatoire pour les amateurs, comme d'ailleurs les victimes de ce lundi, qui évoluaient sans guide. Dans cette zone, les chutes de sérac sont peu fréquentes, mais les avalanches associées peuvent concerner l'ensemble du glacier.
Selon les spécialistes, l'évolution des températures provoquée par le réchauffement climatique n'est toutefois pas suffisante à cette altitude (4.100 mètres) pour être responsable de la chute de sérac. L'événement n'est pas lié à un phénomène thermique, mais plutôt mécanique, à un mouvement naturel du glacier.
Toutefois, la haute montagne est de toute manière déjà très affectée par le changement climatique. Selon Météo-France, les Alpes se réchauffent 1,5 fois plus vite que le reste de la France : résultat, le recul des glaciers s'accentue, -70% depuis 1850, des lacs se forment et certaines roches s'écroulent.
Références de l'article :
Mont-Blanc : qu'est-ce qu'une "chute de sérac", qui a causé la mort d'un alpiniste - HuffPost
La montagne, en première ligne face au réchauffement climatique - Centre de ressources pour l'adaptation au changement climatique