Changement climatique : la production du vin est-elle menacée en France ?

Augmentation des températures, sécheresses à répétition, évènements météorologiques violents, les conséquences du changement climatique devraient avoir des effets importants sur la viticulture en France et en Europe dans les prochaines décennies.

Vin
La viticulture pourrait être menacée dans les prochaines décennies par le changement climatique en Europe et en France

Selon une récente étude publiée dans Nature Reviews Earth & Environment, la production du vin pourrait ne plus devenir rentable dans certaines régions du monde en liaison au changement climatique alors que l'activité viticole pourrait au contraire se développer dans d'autres.

Le changement climatique modifie la géographie du vin

D'après une étude menée par des chercheurs basés en France et en Italie, les effets du changement climatique comme la chaleur intense, les sécheresses accrues ou encore la prolifération de certains parasites devraient grandement modifier la géographie actuelle de la vigne à travers le monde à l'avenir.

Selon les données obtenues, il existe en effet un risque substantiel de perte d'aptitude à produire du vin de manière rentable pour les régions viticoles aujourd'hui. Par exemple, 49 à 70% pourraient perdre cette aptitude dans un futur plus ou moins proche en fonction du niveau de réchauffement, en considérant que plus celui-ci sera élevé, plus les régions menacées seront nombreuses.

Même si il est aujourd'hui possible de faire pousser de la vigne quasiment partout, jusque dans les régions tropicales, cette étude se place toutefois dans une optique de vins de qualité avec des rendements économiquement rentables, comme c'est par exemple le cas sur de nombreuses régions françaises aujourd'hui.

Vers une situation contrastée en Europe

Dans un scénario où le niveau de réchauffement resterait inférieur à 2°C au niveau mondial, la plupart des régions productrices de vin en Europe garderaient leur aptitude à produire un vin rentable et de qualité, même si des mesures d'adaptation seraient nécessaires. Toutefois, au delà de ce seuil, la situation pourrait devenir bien plus contrastée sur notre continent.

En effet, 90% des régions viticoles traditionnelles près de la Méditerranée comme les côtes et les plaines d'Espagne, l'Italie et la Grèce seraient menacées de disparition d'ici la fin du siècle prochain, une situation qui se montrerait particulièrement délicate pour l'économie de ces régions.

Vin anglais
La production de vin en Angleterre pourrait nettement s'améliorer dans les prochaines décennies

A l'inverse, cette étude met également en avant le fait que certaines régions où la vigne est déjà implantée pourraient au contraire voir leur production s'améliorer nettement à l'avenir, ce qui induirait l'apparition de régions viticoles à des latitudes plus élevées qu'aujourd'hui. Le Sud de l'Angleterre, où la culture de la vigne et aujourd'hui à un niveau embryonnaire pourrait en effet devenir un secteur bien plus favorable à la production de vins de qualité.

Qu'en serait-il de la France ?

Même si la France ne serait pas le pays le plus exposé selon les chercheurs en charge de l'étude, une adaptation parfois importante serait tout de même nécessaire afin de permettre la pérennité de la viticulture en France. Selon les scénarios les plus pessimistes (donc les plus chauds), un véritable bouleversement de la répartition géographique des cépages serait envisageable sur notre pays.

Par exemple, le Champagne pourrait disparaître de la région du même nom, se retrouvant relégué du côté de l'Angleterre, le Bordelais se retrouverait plus au Nord, du côté de la Bretagne, de la Normandie et même des Hauts-de-France et les vins du Maroc et de la péninsule ibérique envahiraient le Sud de la France.

C'est notamment entre le Languedoc et la Basse Vallée du Rhône que la production viticole deviendrait la plus ardue, les conditions climatiques devenant trop défavorables pour un vin de qualité et surtout un vin rentable, un potentiel scénario catastrophique pour ces régions donc.

Dans tous les cas, de nombreuses régions où la viticulture est aujourd'hui majoritaire devront s'adapter dans un avenir plus ou moins proche.

Les auteurs de l'étude mettent d'ailleurs en garde contre le déploiement de l'irrigation intensive dès aujourd'hui qui pourrait entraîner une « maladaptation » de nombreuses cultures.

Les vignes irriguées sont en effet plus vulnérables aux périodes de sécheresse qui devraient se multiplier à l'avenir, alors que celles-ci peuvent très bien s'adapter à une culture sèche. Limiter l'irrigation dès aujourd'hui pourrait ainsi permettre d'également limiter les dégâts dans le futur, notamment sur le Sud du pays.

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