Cette espèce est menacée de disparition et ce n'est pas un animal. Découvrez de quoi il s'agit !
À cause de la déforestation et du dérèglement climatique, 12 espèces de champignons sont sur le point de disparaître en France.
De nouvelles espèces s'ajoutent à la liste rouge des espèces menacées de disparition en France. Cette liste, réalisée par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), suit habituellement l'état de santé de la faune et de la flore. Et pour la première fois, les scientifiques se sont intéressés à la fonge.
Sur les 25 000 espèces répertoriées en France, 319 ont été étudiés dans le cas de cette étude. Et selon l'UICN, 12 d'entre elles sont menacées de disparition. Les chercheurs se sont intéressées à 3 groupes de champignons répandus dans le pays : les bolets, les lactaires et les tricholomes. Les champignons connus du grand public et parfois ramassés ne sont pas les plus menacés.
Au contraire, ceux inscrits sur la liste sont soit toxiques, soit non comestibles (pas d'intérêt gustatif). "Les champignons qu’on ramasse ne sont pas les plus en danger. Les espèces aujourd’hui menacées de disparition sont extrêmement rares et se trouvent dans des écosystèmes qui le sont aussi, à l’instar des tourbières", révèle Yann Sellier, mycologue co-auteur de l'inventaire à Libération.
Avant de poursuivre : "tous les champignons sont importants car ils sont en symbiose avec les arbres. Ils les nourrissent par les racines, en leur donnant de l’eau, des sels minéraux, du phosphore, du magnésium… Sans les champignons, les arbres meurent de faim. Ils dégradent aussi le bois mort et les feuilles, recyclent la matière, ce qui apporte des nutriments pour former des feuilles au printemps."
Parmi les espèces les plus menacées (voire soupçonnées d'avoir déjà disparu), il y a le lactaire de sales réticulés, classé "en danger critique". La dernière zone où il poussait encore en 2019 est devenue une station de ski en Haute Tarentaise. Autre espèce classée dans la même catégorie : le lactaire jaune et lilas, uniquement présent en bordure d'une tourbière dans le Jura.
5 espèces sont classées "en danger" : le bolet de plomb, le bolet rubis, le lactaire jaunissant boréal, le lactaire faux trivial (présents sur les sols humides de Haute-Savoie) et le tricholome brûlant (s'épanouissant dans les Alpes). Et 5 autres sont dans la catégorie "vulnérable" : le bolet rose pastel, le lactaire mamelonné des tourbières, le lactaire humide alpin, le lactaire des saules herbacés et le tricholome équestre des chênes.
Les facteurs de disparition de ces champignons "sont la destruction et la dégradation de leurs habitats naturels, incluant la sylviculture intensive avec l’abattage des vieux arbres et les coupes rases, la conversion de certaines forêts en terres agricoles, ainsi que l’urbanisation et les aménagements touristiques en montagne", écrit l'UICN dans un communiqué.
L'activité humaine est souvent responsable de la disparition d'une espèce mais elle n'est pas la seule menace. Le changement climatique impacte aussi les espèces fongiques car les champignons vivent généralement dans des milieux frais et humides. Or le dérèglement climatique fait augmenter "la fréquence des tempêtes, des sécheresses et des incendies pour les espèces forestières".
Autre problème soulevé par le mycologue : "pour les champignons des prairies naturelles, vous mettez un coup d’engrais, l’effet est ravageur : ils disparaissent pendant des dizaines d’années, c’est toxique pour eux. Il faut changer nos manières de faire et respecter le vivant, ne pas faire des coupes à blanc, respecter les sols, garder du bois mort dans les forêts…"
Les scientifiques auteurs de l'inventaire rappellent "l’importance de la lutte contre le changement climatique et de la préservation des milieux naturels, notamment forestiers, pour sauvegarder la diversité des espèces et le patrimoine mycologique de notre territoire".