Ces champignons parasites pourraient-ils un jour contrôler les humains ?
C'est une découverte un peu étonnante, digne des films d'horreur les plus effrayants : parmi les 5 millions d'espèces de champignons connues dans le monde, des scientifiques en ont identifié 35 capables de transformer des insectes en morts-vivants. Les humains seraient-ils bientôt menacés ?
Les pires films ou jeux vidéo, ou même la série "The Last of Us", mettant en scène des zombies, ne sont peut-être pas uniquement de la fiction... En tout cas pour certains insectes, qui peuvent littéralement devenir des morts-vivants lors de leur infection par certains champignons parasites, ces derniers prenant totalement le contrôle de leur corps. C'est ce qu'ont découvert des scientifiques, qui alertent sur la possibilité que certains champignons s'attaquent désormais... aux humains !
35 espèces de champignons parasites des fourmis
Parmi les 5 millions d'espèces de champignons présentes sur la planète, les scientifiques ont identifié environ 35 champignons parasites (par exemple l'Ophiocordyceps), capables de prendre le contrôle du corps d'un insecte lors de son infection. Selon un spécialiste des champignons parasites au Jardin botanique de New York, ce sont en réalité 600 espèces de ce type qui pourraient exister dans le monde. Effrayant.
Les insectes infectés, notamment les fourmis, qui sont les plus concernées, deviennent quasiment des morts-vivants, des zombies. Leur comportement devient anormal, leur cerveau est littéralement piraté par les cellules fongiques développées par le champignon, qui prend alors le contrôle de leurs nerfs et de leurs muscles. Un processus qui existe depuis environ 45 millions d'années, bien avant l'apparition des êtres humains, mais qui devient avec le temps de plus en plus performant.
A titre d'exemple, comme l'a observé Ian Will, généticien spécialiste des champignons à l'université de Floride centrale, la fourmi infectée n'est alors plus maîtresse de son corps. Elle se suspend à une feuille, loin de sa colonie, et attend la mort, qui lui sera donnée par le champignon qui la dévorera de l'intérieur avant de sortir de son crâne en libérant des spores dans l'atmosphère... "On dirait de sinistres décorations de Noël accrochées dans la forêt", précise Ian Will, qui ajoute que les chercheurs ne savent pas encore si ce sont des substances chimiques ou une modification de l'ADN de l'insecte (par le champignon) qui sont responsables de ce processus morbide.
Les humains menacés aussi, à cause du réchauffement ?
Ne paniquons pas immédiatement : les spécialistes estiment que pour infecter des mammifères, des animaux à sang chaud, voire des humains, le champignon devra subir des modifications génétiques importantes pendant des millions d'années. Par ailleurs, un champignon infectant une fourmi thaïlandaise étant incapable d'infecter une fourmi en Floride, il est difficile d'imaginer ce même champignon s'attaquant à une autre espèce ou aux humains. C'est "de la science-fiction", estime Ian Will. Chaque parasite a évolué pour s'attaquer à un type d'insecte en particulier.
Toutefois, les humains sont déjà menacés par d'autres espèces de champignons dans le monde, parmi les millions déjà existantes. C'est la température élevée de notre corps (37°C) qui nous protège actuellement de ces infections fongiques. Mais certaines zones de notre corps, comme les pieds ou les plis de la peau, des zones humides et sombres, soumises à des températures plus faibles, sont déjà sensible à ces infections (là où apparaissent par exemple les mycoses cutanées). Les espèces de champignon propagent généralement une infection sous des températures évoluant entre 25 et 30°C.
Ce qui inquiète clairement les spécialistes, c'est le réchauffement climatique : une espèce de champignon évoluant sous une température extérieure plus chaude pourrait alors plus facilement survivre dans notre organisme. Découverte entre 2011 et 2012 sur trois continents, et "sortie de nulle part", Candida auris, une espèce de champignon, serait déjà capable d'infecter les humains avec le réchauffement climatique actuel, alors qu'elle ne le pouvait pas avant. Elle s'est donc déjà adaptée, et provoque des symptômes semblables à ceux d'une infection bactérienne. 30 à 60% des patients infectés par le champignon ne survivraient pas, sans pour autant savoir s'ils avaient déjà des problèmes de santé auparavant. De là à imaginer un jour une épidémie fongique concernant les personnes immunodéprimées, il n'y a qu'un pas...