Canicule en mer Méditerranée : quelles conséquences à long terme ?
C'est une véritable "canicule marine" qui sévit en Méditerranée, avec des températures localement supérieures de 6°C aux moyennes saisonnières. Quelles sont les conséquences à attendre, notamment sur la biodiversité ?
Une eau chaude, beaucoup trop chaude. Comme les terres aux alentours, la mer Méditerranée connait une vague de chaleur que l'on peut qualifier de "canicule marine". Avec une température de l'eau comprise entre 4 et 6°C au-dessus de la moyenne saisonnière, cette chaleur est peut-être agréable pour les vacanciers mais elle est lourde de conséquences pour les écosystèmes. Explications.
Une "canicule marine" qui dure depuis plus d'un mois
En milieu de semaine dernière, la barre symbolique des 30°C a été franchie au large de la Corse. Une valeur exceptionnellement élevée mais loin d'être isolée. En effet, depuis la fin juin, la température de l'eau est souvent comprise entre 28 et 29°C sur les plages corses et 27 à 28°C sur les plages de la Côte d'Azur.
De façon générale, c'est tout le bassin méditerranéen qui est touché par ces anomalies thermiques exceptionnelles. Les températures sont actuellement 4 à 6°C au-dessus des moyennes saisonnières, en particulier au large de la France de l'Espagne et de l'Italie.
L'agence météorologique espagnole, l'AMET, a indiqué vendredi dernier que les eaux entre les îles Baléares espagnoles et la côte italienne sont jusqu'à 5°C plus chaudes que l'année dernière à la même époque. L'institut prévient également que cette anomalie devrait persister jusqu'à la mi-août au moins.
Le printemps particulièrement chaud sur le bassin méditerranéen et le début d'été sur la même lignée ont surchauffé la température de l'eau. Cette vague de chaleur marine confirme que la mer Méditerranée constitue un "hotspot" du réchauffement climatique. En 40 ans, les vagues de chaleur ont été multipliées par deux dans cette région du monde.
Une catastrophe pour l'écosystème marin
Les conséquences de cette vague de chaleur sont particulièrement néfastes pour les écosystèmes. En premier lieu, les coraux blanchissent et peuvent mourir des trop fortes chaleurs. Cet organisme est une zone de reproduction et de nurserie pour de nombreuses espèces. Ils constituent en ce sens des socles essentiels de la vie marine.
L'autre phénomène inquiétant concerne l'arrivée d'espèces invasives. Près de 1.000 espèces exotiques ont déjà migré vers nos côtes. Parmi elles, la fameuse "algue rouge" ou Lophocladia Lallemandii de son nom scientifique. Elle dégage des toxines qui font fuir les espèces locales. Cet effet repoussoir risque de provoquer sa prolifération dans les eaux de la Méditerranée.
D'une manière générale, des eaux plus chaudes peuvent entraîner une prolifération de bactéries et de phytoplancton toxique, causant la disparition de certaines espèces. Cette tropicalisation des eaux risque également d'entraîner une prolifération d'algues indésirables.
Enfin, l'autre conséquence possible de ces fortes chaleurs est une augmentation de l'intensité des épisodes méditerranéen à l'automne. En effet, plus l'eau de la mer est chaude, plus les nuages peuvent se charger en humidité, augmentant l'effet précipitant sur les terres. Si des orages éclatent à l'automne dans cette région, ils pourraient donc être particulièrement violents.