Canicule : comment faire baisser les températures des villes ?
Alors que le climat se réchauffe et que les canicules se multiplient, les villes, affectées par l'îlot de chaleur urbain, vont devoir nécessairement s'y adapter. L'albédo, à travers l'utilisation de peinture blanche, peut notamment faire baisser sensiblement les températures.
Des canicules de plus en plus intenses, plus longues et plus étendues : nos villes vont devoir s'adapter dans les prochaines années à des conditions climatiques autrefois extrêmes mais aujourd'hui déjà plus fréquentes.
La climatisation, actuellement la solution de facilité, très polluante, va devoir laisser un peu de place à des aménagements plus respectueux de l'environnement et prenant mieux en compte l'îlot de chaleur urbain et les effets de l'albédo.
L'albédo, késako ?
L'albédo correspond à la capacité d'une surface à réfléchir l'énergie solaire. C'est lorsque les rayons du soleil rencontrent un obstacle qu'ils vont être directement réfléchis vers l'atmosphère. Cette réflexion dépend de la couleur de cet obstacle : plus il est clair, plus il va réfléchir la lumière solaire.
C'est ainsi qu'en été, il est conseillé de porter des vêtements blancs ou clairs : une chemise noire va par exemple emmagasiner beaucoup plus d'énergie solaire et ainsi réchauffer le corps. La neige fraîche, très réfléchissante, possède l'un des albédos les plus élevés, contrairement aux lacs ou à l'océan.
Par extension, dans les villes, le bitume et les immeubles, généralement de couleur foncée, vont emmagasiner toute la chaleur pendant la journée avant de la restituer à l'atmosphère la nuit. La densité et la géométrie du bâti sont donc fondamentales pour freiner l'effet de l'îlot de chaleur urbain en période de canicule.
Adapter nos villes
La solution semble toute trouvée : repeindre en blanc toutes les surfaces exposées aux rayons du soleil. Dans les îles des Cyclades, les Grecs recouvrent déjà leurs ruelles et leurs maisons avec de la chaux blanche.
Des recherches menées par des chercheurs californiens ont même montré que repeindre tous les toits d'une ville en blanc permettait de refléter 80% de l'énergie solaire et de réduire d'environ 30 degrés la température à leur surface. De quoi profiter de nuits plus fraîches pendant les vagues de chaleur.
Dans certains quartiers rénovés d'Athènes dont les toits ont été repeints en blanc, la température dans les rues a chuté de 4 degrés en journée, selon l'ADEME. Cette expérimentation, dénommée "cool roofs" ("toits froids"), est même évoquée dans le dernier rapport du GIEC et menée dans de plus en plus de villes, comme New York ou Ahmedabad City (Inde).
D'autres aménagements nécessaires
Pour pouvoir à terme réduire la climatisation en ville, source de pollution, il va falloir aller plus loin et faire baisser plus fortement encore la température des centres urbains.
L'architecte et ingénieur Raphaël Ménard explique par exemple que repeindre également en clair nos véhicules et nos transports en commun permettrait d'économiser un million de tonnes de CO2 relâchées dans l'atmosphère.
Toutefois, avec un réchauffement climatique amené à s'accentuer, d'autres aménagements seront sans doute encore à inventer. Il faudra par ailleurs s'assurer que les revêtements à fort albédo soient non polluants et n'aient pas d'impact négatif sur la biodiversité…