Canaries : les gaz du volcan Cumbre Vieja vont-ils gagner la France ?
Le volcan Cumbre Vieja, entré en éruption dimanche dernier dans l'archipel espagnol des Canaries, continue de cracher des cendres et des gaz toxiques qui pourraient bien atteindre la France ce week-end.
Le Cumbre Vieja connaît une importante éruption depuis dimanche sur l'île espagnole de La Palma, dans l'archipel des Canaries, pour la première fois depuis 1971 ! Selon le dernier bilan fourni par le système européen de mesures géospatiales "Copernicus", quelque 154 hectares de terrain et 320 bâtiments ont été détruits par la lave, dont de nombreuses habitations abandonnées à la hâte par leurs occupants. Au total, 6.100 personnes ont été évacuées depuis le début de l'éruption qui, jusqu’à présent, n'a pas fait de victimes. Les dégâts provoqués par l'éruption sur cette île peuplée de près de 85.000 habitants dépasseraient déjà les 400 millions d'euros.
Depuis, d’importantes coulées de lave dévalent les pentes du Cumbre Vieja. Face à leur progression, les pompiers de l’île ont tenté désespérément de dévier la lave pour protéger certains villages, en vain. C'est finalement peut-être la lave qui s'arrêtera d'elle-même. Son ralentissement, déjà très marqué par rapport au début de semaine, s'est encore accentué entre mercredi et jeudi. Initialement, l'arrivée de la lave dans l'Atlantique, redoutée par les autorités en raison des émanations de gaz toxiques que cela pourrait provoquer, était prévue pour mardi puis pour jeudi. Mais l'heure est au doute à ce sujet car la lave ne progressait désormais que d'un mètre par heure contre 700 mètres par heure il y a quelques jours.
Selon l'Institut volcanologique des Canaries (Involcan), l'éruption du Cumbre Vieja qui signifie "Vieux sommet" pourrait durer "entre 24 et 84 jours", avec à la clé d'importantes émanations de gaz et de fumées. D'après l'Institut, entre 6.000 et 11.500 tonnes de dioxyde de soufre sont ainsi recrachées quotidiennement dans l'atmosphère. Le nuage, qui a déjà atteint les côtes marocaines et la péninsule ibérique, devrait ensuite remonter vers les Baléares et toucher également toute la Méditerranée occidentale et une bonne partie du Maghreb au cours de cette journée de vendredi, selon les projections du programme Copernicus.
Ce volcan se démarque également en émettant une énorme quantité de dioxyde de soufre dans l’atmosphère. Ce gaz est relativement toxique même en petites concentrations. Mais le principal problème est sa réaction avec l’eau qui forme alors de l’acide sulfurique, ce qui est nocif s’il entre en contact avec les yeux, les voies respiratoires ou même l’humidité de notre peau. Lorsqu’il est dispersé dans l’atmosphère, il peut ainsi réagir avec l’eau des nuages et des précipitations, en abaissant le pH de l’eau de celles-ci et en donnant lieu à des pluies acides.
Ce week-end, le nuage de gaz finira par atteindre la moitié sud de la France. Or, des précipitations sont attendues, sous forme d’averses orageuses dans le sud-ouest ou bien de pluies continues à proximité du Languedoc et des Cévennes. Faut-il ainsi s’en inquiéter ? Les pluies peuvent-elles devenir acides ? En tout état de cause, les concentrations de dioxyde de soufre ne dépasseront pas 100 mg/m2, de sorte que les précipitations qui pourraient se produire auront une acidité minimale. Selon les prévisions, il est même probable que l’acidité de ces pluies soit équivalente à celle mesurée lors d’épisodes de pollution en milieu urbain, sans plus.