Biodiversité en déclin : quelles sont les 5 principales causes humaines ?

Une étude basée sur 2 100 recherches confirme l’effondrement rapide de la biodiversité. Découvrez les causes majeures d'origine humaine, expliquées et illustrées par des données scientifiques récentes.

Contraste entre beauté naturelle et industrialisation : champ de fleurs sauvages avec en arrière-plan des plates-formes de forage pétrolier.
Contraste entre beauté naturelle et industrialisation : champ de fleurs sauvages avec en arrière-plan des plates-formes de forage pétrolier.

L’humanité transforme la Terre à une vitesse inédite ; la nature en subit les conséquences directes. Une analyse récente publiée dans Nature s’appuie sur 2 100 études couvrant 50 000 sites à travers le monde. Le verdict : les zones altérées par l’activité humaine comptent en moyenne 20 % d’espèces en moins que les milieux préservés.

Des forêts aux océans, aucune région n’est épargnée. Mais pourquoi la biodiversité s’effondre-t-elle à une telle échelle ? Voici les cinq principales causes humaines de ce drame écologique.

Destruction des habitats

Quand une forêt disparaît, ce ne sont pas seulement des arbres qui tombent : c’est tout un réseau d’espèces qui s’écroule. La déforestation liée à l’agriculture intensive est responsable de 80 % de la destruction des forêts tropicales tandis que l'urbanisation galopante fragmente les habitats et empêche les espèces de migrer. Par ailleurs, l’exploitation minière rase des écosystèmes entiers pour extraire des ressources comme le lithium et le cobalt, essentiels aux technologies modernes.

Selon le Pr Florian Altermatt qui a supervisé l'analyse, ces transformations sont "souvent très radicales", laissant peu de place aux espèces pour s’adapter. Les vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens) figurent parmi les plus touchés, car leurs populations, déjà plus restreintes que celles des insectes, ont du mal à survivre face à ces bouleversements.

À titre d'exemple, les forêts tropicales abritent, à elles seules, plus de 50 % des espèces terrestres. Cependant, chaque année, l’équivalent de 5 millions d’hectares de ces forêts est détruit pour l’agriculture et l’élevage. Des milliers d’espèces disparaissent sans même avoir été recensées.

Exploitation excessive des ressources

Nous prélevons plus que ce que la Terre peut offrir. La pêche industrielle vide les océans à un rythme insoutenable : 30 % des stocks de poissons mondiaux sont surexploités. Certaines espèces, comme le thon rouge, ont vu leurs populations chuter de plus de 90 % en quelques décennies. La pêche industrielle détruit les fonds marins et élimine les prédateurs naturels, déséquilibrant radicalement l’écosystème.

En outre, la chasse excessive et l’extraction des ressources naturelles (bois, minerais, eau) entraînent la disparition massive de certaines espèces clés. Nous déstabilisons ainsi des chaînes alimentaires vieilles de millénaires, qui constituent le socle de l'équilibre écologique de la planète. Sans surprise, des conséquences en cascade surviennent.

Pollution

L’étude révèle que la pollution altère la composition des écosystèmes bien plus qu’on ne le pense. L’air, l’eau et les sols sont saturés de polluants. Même les écosystèmes les plus isolés ne sont pas épargnés.

Les pesticides déciment les insectes pollinisateurs, affectent la biodiversité des sols et menacent l'agriculture. D'après les estimations, 2,5 millions de tonnes de pesticides sont appliqués chaque année sur les cultures dans le monde.

Les plastiques envahissent les océans : plus de 8 millions de tonnes finissent chaque année en mer, tuant tortues, oiseaux marins et poissons. Le plastique est désormais présent dans la chaîne alimentaire humaine, et on retrouve désormais des microplastiques jusqu’en Antarctique.

Les polluants chimiques, comme les métaux lourds et les hydrocarbures, affectent la croissance et la reproduction de nombreuses espèces.

Espèces invasives

Introduites accidentellement ou volontairement par l’homme, certaines espèces se multiplient au détriment des espèces locales. L’étude montre que ce phénomène modifie profondément la biodiversité.

Prenons l’exemple du frelon asiatique, arrivé en Europe dans les années 2000. En quelques années, il est devenu un prédateur majeur des abeilles domestiques, déjà affaiblies par les pesticides et le changement climatique.

Autre cas emblématique : la jacinthe d’eau, qui prolifère dans les lacs et rivières africains, étouffant la vie aquatique et menaçant la pêche locale.

Changement climatique

Le réchauffement global agit comme un accélérateur du déclin de la biodiversité. Il modifie la répartition des espèces, pousse certaines à l’extinction et en favorise d’autres.

Les plantes de haute montagne, par exemple, sont menacées par la montée d’espèces de basse altitude à mesure que les températures grimpent. Résultat ? Un appauvrissement de la diversité végétale et des écosystèmes fragilisés.

Le Pr Altermatt souligne que l’impact du changement climatique est encore "sous-estimé", car ses effets se feront pleinement sentir dans les décennies à venir. Mais une chose est sûre : il aggrave tous les autres facteurs.

Sources de l'article

Keck, F., Peller, T., Alther, R. et al. The global human impact on biodiversity. Nature (2025). https://doi.org/10.1038/s41586-025-08752-2

Michaels, N. (2025, mars 27). Impact humain sur la biodiversité : Ce que nous apprend l'une des plus grandes synthèses jamais réalisées. Geo