Tempête Bella : entre chutes de neige exceptionnelles, crues, tornades
Entre dimanche et mardi, une dépression répondant au nom de Bella a généré un épisode d'intempéries sur la France avec à la clé, des vents tempétueux, des quantités de neige remarquables en Auvergne, deux cas de tornades et des inondations.
Après avoir causé des inondations et des vents tempétueux au Royaume-Uni, la mal nommée Bella a touché la France ces derniers jours, apportant des conditions météo agitées dans la plupart des régions. Dans un premier temps, le vent a soufflé en tempête dans le nord et l'ouest alors que des pluies soutenues ont traversé le pays. Ces précipitations se sont transformées en neige dans un second temps sur les reliefs avec des quantités exceptionnelles sur le Massif Central. Enfin, dans le sud-ouest, les pluies ont généré une nouvelle hausse des niveaux des cours d'eau dont sont certains sont entrés en crue. Aucune victime n'est à recenser mais les dégâts ont été parfois importants.
Des vents à près de 150 km/h, deux cas de tornades
La journée de dimanche a été marquée par l'arrivée de Bella, la seconde tempête de la saison après Alex au début du mois d'octobre. Fait assez rare, elle s'est accompagnée de salves de vents violents. La première a balayé l'ouest et le nord du pays avec des rafales atteignant 146 km/h au sommet de la Tour Eiffel, 143 km/h au Cap Gris-Nez, 142 km/h à Barfleur, 141 km/h à la Pointe de Penmarch ou encore 139 km/h sur l'île de Groix. Dans l'intérieur des terres, des valeurs supérieures à 100 km/h ont été ponctuellement enregistrées avec 111 km/h à Lorient, 104 km/h à Brest, ou encore 101 km/h à La Roche-sur-Yon. La station du parc Montsouris, dans la capitale, a pour sa part relevé une pointe à 97 km/h.
Lundi matin, avec l'occlusion générée par la dépression, un nouvel épisode de vents violents a balayé l'ouest du pays. Plus violent que prévu, il s'est accompagné de rafales dont les valeurs ont été plus élevées que la veille avec 143 km/h relevés sur l'île d'Ouessant, 138 km/h au Cap Ferret et 137 km/h à Brignogan. Dans l'intérieur des terres, l’anémomètre de Lannion a relevé une pointe à 120 km/h soit la plus forte valeur pour cette station depuis les 135 km/h de la tempête Egon le 12 janvier 2016 ! Plusieurs dizaines de milliers de foyers se sont retrouvés privés d'électricité pendant quelques heures au cours de ces deux épisodes tandis que des dégâts aux habitations parfois importants ont été recensés dans le département du Nord.
Preuve du dynamisme en altitude provoqué par la dépression, deux phénomènes venteux ont fait d'importants dégâts. Le premier a touché les communes de Saint-Étienne-de-Mer-Morte, au sud de Nantes (Loire-Atlantique) et de La Garnache (Vendée). Une trentaine de maisons ont été endommagées tandis qu'un jeune garçon de 13 ans a été légèrement blessé par la chute d'une tôle. La deuxième tornade a touché cette fois en début d'après-midi le village de Courcôme, en Charente. Les dégâts matériels ont été plus limités avec quelques poteaux électriques arrachés et deux arbres tombés sur une maison.
80 cm de neige à basse altitude, des congères de 2 mètres
L'autre phénomène météo dont Bella a été à l'origine : c'est la neige. Si elle s'est invitée localement jusque dans les plaines de Normandie ou de Picardie de manière assez anecdotique, les quantités tombées en montagne et jusqu'à basse altitude ont été nettement plus importantes. C'est dans le Massif Central qu'elles ont été remarquables avec en moyenne 80 cm tombés en 36 heures au-dessus de 800 à 900 mètres d'altitude et de 20 à 40 cm entre 600 et 800 mètres. Dans la station de Superbesse, le cumul a même atteint 90 cm en moins de deux jours, du jamais vu depuis plus de 15 ans ! Les vents violents qui ont accompagné cette neige ont par ailleurs provoqué la formation de congères dont certaines ont atteint 2 mètres entre le Sancy et l'Aubrac.
Face à une telle situation météo, les routes de Corrèze, du Puy-de-Dôme, du Cantal, de Lozère et d'Aveyron sont devenues impraticables, y compris le réseau autoroutier. L'A75 a notamment connu d'importantes difficultés de trafic au cours de la soirée, à la fois dans le secteur du col de la Fageole et de Saint-Flour (Cantal) mais aussi dans l'Aubrac (Lozère) et le Millavois (Aveyron). Ainsi, des centaines de véhicules se sont retrouvés bloqués pendant plusieurs heures malgré les restrictions de circulation imposées par les arrêtés préfectoraux. Si chaque automobiliste a pu rentrer chez lui en première partie de nuit, il a fallu se montrer très patient avec parfois près de 6h de bouchons pendant que d'autres ont mis quelque 3h30 à parcourir une vingtaine de kilomètres ! Par ailleurs, une importante coulée de neige s'est produite au cours de la nuit dans la station de ski du Mont-Dore, dont l'accès a été interdit jusqu'à nouvel ordre.
Des pluies abondantes, nouvelles inondations au sud-ouest
Si la neige est tombée en abondance sur les reliefs, c'est la pluie qui a été particulièrement copieuse en plaine. Dans un flux orienté au secteur nord-ouest, les cumuls les plus élevés ont été enregistrés en Aquitaine et sur l'ouest de l'Occitanie avec entre 60 et 90 mm en seulement 48 heures, venant s'ajouter aux quantités importantes des dernières semaines. À Dax, un nouveau record mensuel a d'ailleurs été battu avec près de 400 mm depuis le 1er décembre ! Avec des sols saturés, les cours d'eau ont rapidement réagi et certains sont entrés en crue. Les bassins du Gers et de la Midouze ont connu des inondations localement importantes, à tel point que des automobilistes ont du être secourus par les pompiers. Un pont a également été emporté entre Gouts et Tartas, dans les Landes.
Avec le maintien du vaste système dépressionnaire sur l'Europe de l'ouest, les prochains jours s'annoncent encore chaotiques avec des risques de chutes de neige en plaine, des pluies conséquentes en Aquitaine et de fortes chutes de neige sur les reliefs et leurs versants exposés à l'ouest.