Pourquoi les banques sont-elles responsables de la hausse de la production de viande ?
Comment croire à l'engagement vert ou écolo des banques, quand on découvre que celles-ci ont en partie participé à la hausse de la production de viande à l'échelle mondiale, en finançant l'élevage industriel, émetteur de gaz à effet de serre ?
Entre 2015 et 2021, la production mondiale de viande a augmenté de 9%, et celle de produits laitiers de 13%. Deux chiffres inquiétants quand on connaît l'impact du secteur de l'élevage intensif sur les émissions de gaz à effet de serre et donc le changement climatique. Sans compter l'hyperconsommation d'eau et la déforestation qui y sont associées. A qui la faute ? Aux banques, pardi !
Le soutien financier à l'élevage industriel
C'est un récent rapport publié par l'ONG Feedback Global qui cible les banques, à l'origine selon lui de la hausse de production mondiale de viande et de produits laitiers. Une mauvaise pente, quand on sait que demander aux citoyens de manger un peu moins de viande équivaut à retirer plusieurs millions de voitures de la circulation, selon une étude de l'université d'Oxford.
C'est un soutien financier massif qui a en fait été fourni aux entreprises d'élevage industriel par les banques pour qu'elles puissent se développer et donc augmenter leur production. Au total, entre 2015 et 2012, les 55 plus grandes entreprises d'élevage industriel au monde ont reçu 70 milliards d'euros d'injections de crédits annuelles.
De l'argent souvent injecté sans contrepartie, que les ONG dénoncent puisqu'il contribue à augmenter de façon non durable la production mondiale de viande et de produits laitiers. Un contresens total puisque pour rappel, l'accord de Paris sur le climat prévoit une chute de 61% des émissions mondiales de gaz à effet de serre issues de l'élevage d'ici 2036... Insoluble, avec cette situation ubuesque !
Votre banque est-elle concernée ?
Quelles sont les banques montrées du doigt ? D'abord Bank of America, qui a injecté 29 milliards de dollars pour la viande, Barclays (28 milliards), puis JPMorgan Chase (27 milliards). Pour le secteur laitier, il s'agit surtout de la banque Wells Fargo et de la banque ANZ. HSBC, quant à elle, était le deuxième créancier de l'entreprise brésilienne de viande Minerva...
Etonnant quand on sait que ces banques, comme HSBC, s'engagent parfois en faveur de la lutte contre la déforestation et avaient déclaré refuser de fournir des services financiers à des clients impliqués dans la déforestation...
Un beau loupé, partagé également par Rabobank, qui a accordé des crédits à la multinationale brésilienne JBS alors qu'elle prétendait ne financer "aucune déforestation, même si la loi l'autorise" ! Si ce n'est pas une compromission, cela y ressemble !
Nos confrères du Guardian ont réussi à faire réagir le Secrétariat international de la viande, qui a expliqué que les entreprises du secteur étaient "très conscientes de la nécessite de se développer et de croître de manière responsable", notamment à cause des contrôles croissants.
Toutefois, à cette prise de conscience s'ajoute une précision importante : la volonté de toujours fournir les "protéines essentielles nécessaires à une population en hausse". La remise en cause du modèle semble très lointaine, et le cercle infernal toujours enclenché : le règne de la viande a de beaux jours devant lui, et nos émissions de gaz à effet de serre avec !