Avant de partir, Trump veut piller l'Arctique !
Avant de quitter la Maison-Blanche le 20 janvier, l'administration Trump a précipitamment mis en vente des concessions pétrolières et gazières au coeur d'une zone naturelle protégée de l'Arctique. Et ce, sans savoir si les réserves d'hydrocarbures sont réellement présentes !
C'est la plus grande aire protégée des États-Unis. Localisé au nord-est de l'Alaska, le refuge national de la faune arctique recouvre près de 77 millions de kilomètres carrés, soit une zone comparable à celle de l'Écosse. Créé en 1960, il est situé au nord du cercle polaire, où le refuge abrite de nombreuses espèces animales, dont certaines en voie de disparition, comme les ours polaires.
Depuis plusieurs années, des entreprises américaines du secteur pétrolier et gazier mènent un lobbying intense afin d'obtenir des permis permettant de forer cet espace naturel protégé. Fin novembre, peu après l'élection présidentielle le donnant perdant, Donald Trump a finalement autorisé la vente de concessions pétrolières et gazières. Des permis mis à la vente précipitamment, alors que les études peinent à prouver le potentiel de ressources de la zone.
Des forages pas forcément pertinents
Les données permettant de connaître le réel potentiel en ressources de gaz ou de pétrole dans la zone naturelle protégée sont sources de controverses aux États-Unis. Une étude sismique complète a bien été réalisée au milieu des années 1980, mais la technologie était peu fiable et les résultats s'étaient avérés décevants selon certains médias américains.
Une autre étude a été lancée en mai 2017, peu après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. Mais moins d'un an plus tard, les autorités ont brutalement stoppé l'évaluation des ressources, tout en qualifiant "d'énorme" le potentiel pétrolier et gazier présent en Alaska. Les défenseurs de l'environnement n'ont alors jamais su pourquoi l'évaluation n'avait pas été jusqu'à son terme.
En 1998, l'Institut d'études géologiques des États-Unis estimait que la zone naturelle protégée pourrait contenir entre 4 et 11 milliards de barils de pétrole. Un potentiel important donc, mais qui ne prend pas en compte le coût faramineux des forages, dans un environnement hostile et dépourvu de toutes infrastructures, routières notamment. D'autant que le prix actuel du baril de pétrole, autour de 40 dollars, n'incite pas vraiment à tout faire pour créer de nouveaux forages.
Joe Biden a promis de protéger le refuge
Comme l'explique le magazine Sierra, le projet est dans l'ensemble soutenu par une majorité des habitants de l'Alaska, qui y voient de futurs emplois bien rémunérés et une source de revenus pour l'État. Les entreprises doivent faire part de leur intérêt pour les concessions d'ici au 17 décembre, avant un appel d'offre lancé au moins 30 jours avant la date de la vente.
Or, si les grands électeurs élisent bien Joe Biden président des États-Unis le 14 décembre prochain, celui-ci sera investi dès le 20 janvier. Et ce dernier avait promis de prendre des mesures pour interdire totalement les forages dans les zones protégées "dès le premier jour de son mandat".
Cette incertitude ne devrait donc pas pousser les grandes entreprises à candidater massivement dans ce projet de forages. D'autant que les polémiques environnementales refroidissent les grandes banques américaines à financer de tels projets. Goldman Sachs, Bank of America et Wells Fargo ont annoncé qu'elles refuseraient de prêter de l'argent à des entreprises voulant effectuer des forages pétroliers dans l'Arctique. Il y a donc des raisons d'espérer...