Autrefois menacé, le castor fait son grand retour en France !
C'est un retour remarqué : presque disparu à l'aube des années 1970, le castor est désormais bien installé à nouveau dans nos cours d'eau en France. Décimé par la chasse, il joue pourtant un rôle essentiel pour la préservation des écosystèmes.
Menacé d'extinction au début des années 1970 car chassé pour sa fourrure, le castor d'Europe est depuis quelques années à nouveau bien installé sur le territoire français. Lointain cousin du castor du Canada, il joue un rôle essentiel pour la préservation des écosystèmes de nos rivières.
Chasse excessive et quasi-extinction
Le castor n'était donc plus qu'un lointain souvenir en France à la fin des années 1960, après plusieurs décennies de chasse intense. Une population décimée, menacée dèjà au Moyen-Age lorsque le castor était consommé comme alternative au poisson (sa chair s'en rapprochant). Mais c'est surtout au début du 20e siècle que le castor a commencé à progressivement disparaître, chassé pour sa fourrure très chaude (appréciée notamment pour la fabrication de manteaux et d'écharpes).
Et ce n'est pas tout : le castoréum, substance huileuse à l'odeur de saule produite par le castor et qui imperméabilise son pelage, faisait aussi l'objet de toutes les convoitises. On l'utilise toujours dans de nombreux parfums ou cosmétiques aujourd'hui, mais c'est aussi l'un des composants de l'arôme artificiel de vanille.
Premier mammifère protégé de France depuis 1909, c'est finalement en 1974 que le castor a été réintroduit dans le bassin de la Loire par la Société nationale de protection de la nature (SNPN), en prélevant des spécimens dans l'estuaire du Rhône, où susbistaient les derniers castors de France. 13 castors ont été réintroduits entre 1974 et 1976, puis se sont répandus le long de la Loire avant de coloniser le reste du territoire. Le castor progresse tout seul, d'affluent en affluent, et on le trouve aujourd'hui notamment dans le bassin de la Loire, du Rhône, dans les Cévennes ou encore les Ardennes.
Ingénieur de la nature
Avec la loi de protection de la nature de 1976, la fin progressive de la chasse au castor et l'absence de prédateurs, ce mammifère est donc désormais préservé. Ce tout petit animal bâtisseur peut réaliser d'ailleurs des structures très complexes, comme les barrages, essentiels pour les écosystèmes des rivières. Ce sauvetage du castor est donc une double bonne nouvelle.
Les castors sont d'ailleurs surnommés "ingénieurs de la nature", car avec leurs constructions, ils entraînent des changements durables sur l'environnement qui les entoure. Ainsi, un barrage modifie fortement la dynamique hydrique d'un cours d'eau, en créant par exemple aux alentours des zones humides qui n'existaient pas auparavant, et très accueillantes pour la biodiversité (qu'il s'agisse des espèces terrestres ou des espèces aquatiques).
Enfin, le castor est bâtisseur mais aussi paysagiste : en taillant les arbres et les arbustes, il entretient les rivières, et avec ses barrages, participe au ralentissement de l'eau. Concrètement, il amoindrit les risques de crues violentes et d'inondations lors des épisodes de fortes pluies. Une espèce essentielle donc pour la nature elle-même mais aussi pour l'Homme : pensez-y si vous les croisez, vous les remarquerez d'ailleurs aux traces de taille "en crayon" qu'ils laissent derrière eux sur les arbres.