Asthme, rhinite, toux : pourquoi le changement climatique pourrait rendre nos bronches beaucoup plus fragiles ?
Et si asthme, rhinites allergiques et toux chroniques allaient encore s'étendre à de plus en plus de sujets dans les prochaines années ? C'est l'inquiétant pronostic d'une étude qui révèle les effets du changement climatique sur nos bronches.

Oui, nous allons respirer de plus en plus mal dans les prochaines années ! C'est ce que révèle une étude menée par des chercheurs de l'université Johns Hopkins (États-Unis), publiée dans la revue Communications Earth & Environment. La raison ? Le changement climatique, qui accentue la sécheresse et joue sur la qualité de l'air. Séquence explications.
Un "déficit de pression de vapeur" élevé
Lorsque l'atmosphère se réchauffe et que l'humidité relative de l'air reste globalement inchangée, le "déficit de pression de vapeur" (DPV) grimpe : il s'agit du contenu maximal d'eau dans l'air (la pression de vapeur saturante) moins le contenu mesuré à un moment donné (la pression partielle de vapeur). On parle de la "soif" de l'air.
Global warming risks dehydrating and inflaming human airways https://t.co/cO0ntXv1jI pic.twitter.com/izsNVKc8HF
— Communications Earth & Environment (@CommsEarth) March 18, 2025
Outre la pollution, la sécheresse joue un rôle déterminant dans la qualité de l'air, et l'hydratation de nos voies respiratoires est aussi importante que leur propreté ! Plus l'air est sec, plus le DPV est donc haut. Or, un DPV élevé peut, selon ces chercheurs, "déshydrater les voies respiratoires supérieures", ce qui déclenche une réponse inflammatoire, notamment au niveau des bronches.
Ces bronches sont des branches de notre arbre respiratoire, qui connectent la trachée aux poumons, et lorsqu'elles souffrent d'inflammation ou de déshydratation, exposées à de l'air sec, cela peut provoquer de l'asthme, des rhinites allergiques et de la toux chronique. Vu le réchauffement climatique en cours, ces phénomènes devraient donc s'accentuer…
Un mucus plus fin
Pour savoir si comme chez les plantes, les cellules humaines se comprimaient lorsque l'air était trop sec, les auteurs de cette étude ont cultivé des cellules d'épithélium bronchique, la muqueuse tapissant les bronches, dans un milieu asséchant. Les cellules exposées à un DPV élevé ont présenté un mucus plus fin mais aussi des concentrations élevées en cytokines.
Le déficit de pression de vapeur (VPD) dans l'atmosphère affecte la photosynthèse des plantes. Après 1990, l'augmentation du VPD a ralenti ou inversé la croissance des plantes, malgré l'effet positif du CO2 sur celles-ci.https://t.co/7A81QpCVpk pic.twitter.com/sDW20qvFjS
— QI 181 (@QI_181) February 16, 2025
Les cytokines sont des protéines qui indiquent une inflammation cellulaire, mais l'amincissement du mucus peut suffire à lui seul, via la compression qu'il produit, pour déclencher une inflammation. Selon le modèle climatique de ces chercheurs, la majeure partie de l'Amérique devrait être soumise à un risque élevé d'inflammation des voies respiratoires d'ici 2050.
Outre ces conséquences respiratoires, les températures plus élevées et l'air plus sec devraient aussi modifier le mouvement de l'eau dans les muqueuses de l'œil, provoquant davantage de sécheresse oculaire. La déshydratation des muqueuses va donc devenir une menace critique pour la santé humaine : des traitements préventifs ou thérapeutiques vont certainement devoir être mis en place…
Références de l'article :
Université Johns Hopkins. Global Warming Can Lead to Inflammation in Human Airways, New Research Shows.
Communications Earth & Environment, D. Edwards et al., 2025. Global warming risks dehydrating and inflaming human airways.