Anxieux, déprimé ? C’est peut-être lié à la pollution atmosphérique !
Les poumons ne sont pas les seuls organes touchés par la pollution atmosphérique. Une étude vient de révéler que les personnes exposées pendant une longue période à une combinaison de plusieurs polluants présentaient un risque accru de dépression et d’anxiété.
Ce n’est pas parce que vous respirez bien que vous n’êtes pas impacté par la pollution atmosphérique… Votre santé mentale peut aussi être affectée par la pollution de l’air, comme le montre une étude publiée dans la revue JAMA Psychiatry. D’après ses résultats, les personnes exposées pendant une longue période à une combinaison de certains polluants présents dans l’atmosphère présentent un risque plus important que les autres de dépression et d’anxiété.
Particules fines et oxydes d'azote en cause
La particularité de l’étude est de s’intéresser non pas aux niveaux élevés de concentration d’un seul polluant dans l’atmosphère, mais de considérer une combinaison entre plusieurs polluants. Il s’agit en l’occurrence des particules fines (PM 2,5), du dioxyde d’azote (NO2) et du monoxyde d’azote (NO). Ces trois types de polluants proviennent essentiellement des centrales électriques au charbon et au gaz naturel, de la circulation routière (via les émissions des moteurs thermiques des véhicules), de l’agriculture, ou encore des chantiers de construction ou des incendies de forêt.
Au total, 389.185 dossiers médicaux de volontaires ont été examinés pendant 11 ans au Royaume-Uni par une équipe internationale de chercheurs. Durant cette période, alors qu’aucun n’avait auparavant été diagnostiqué en ce sens, 13.131 d’entre eux ont souffert de dépression, tandis que 15.835 autres ont été diagnostiqués comme souffrant d’anxiété reconnue médicalement.
Selon les chercheurs, c’est le fait d’habiter dans des zones affectées par une pollution combinée aux particules et aux oxydes d’azote qui augmente le risque de déclencher une dépression ou de l’anxiété, et cela même lorsque les niveaux des polluants ne dépassent pas les normes de qualité de l’air (c’est l’exposition dans la durée qui compte).
Le système nerveux central affecté ?
On connaissait déjà à la fois la capacité des particules fines à déjouer les défenses de notre organisme pour passer dans nos poumons et notre sang, mais aussi les effets biologiques de celles-ci, comme les problèmes respiratoires, l’asthme, les cancers, les AVC ou les crises cardiaques. Cette fois-ci, les effets de long-terme sur la santé mentale de l’exposition à cette combinaison de polluants ne s’expliquent pas encore par un mécanisme biologique défini.
Toutefois, d’autres études scientifiques expliquent que l’exposition à la pollution de l’air peut endommager les cellules nerveuses et affecter le système nerveux central, par une sorte d’inflammation du cerveau et de la moelle épinière. Lors de ce phénomène, l’organisme libère des substances nocives pouvant détruire la barrière hémato-encéphalique, qui empêche les substances toxiques de gagner le cerveau via le sang. Cela pourrait expliquer les problèmes de dépression et d’anxiété. Du côté médical, certains urgentistes confirment que les admissions à l’hôpital pour troubles de la santé mentale augmentent lors d’un épisode long de pollution atmosphérique.
Pour le moment, de nouvelles recherches sont nécessaires pour examiner concrètement les bases neurologiques du lien entre ces problèmes d’anxiété et de dépression et la pollution atmosphérique. D’autre polluants comme l’ozone, le monoxyde de carbone ou le dioxyde de soufre vont devoir également être pris en compte (peut-être ont-ils encore plus d’impact ?). Encore une preuve pour les gouvernements que le contrôle de la pollution atmosphérique est l’enjeu majeur de santé publique des prochaines décennies, et que les normes actuelles sont sans doute trop peu ambitieuses…